La méthode Coué

Ce livre a été repris du site des Editions Breal. Accès direct aux liens Pages originelles,   Baudouin/Freud,   Paul Joire.
Avec pour en-tête : Ce n'est pas la volonté qui nous fait agir, mais l'imagination, il est intitulé:
 

LA MAÎTRISE DE SOI-MÊME
PAR
L'AUTOSUGGESTION CONSCIENTE


(Autrefois : DE LA SUGGESTION ET DE SES APPLICATIONS)
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SOCIÉTÉ LORRAINE DE PSYCHOLOGIE APPLIQUÉE
Siège social : chez M. COUÉ, Président, rue Jeanne-d'Arc, 186 NANCY
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N'ont été supprimées que de trop nombreux témoignages de guérisons. Ma transcription manuelle en HTML (mises à la ligne) a fait disparaître les très nombreuses italiques du texte original, qui ont été mises à la place des entre guillemets. Noter que la publication date de l'année de la mort de l'auteur et que le gros de l'ouvrage ne semble pas venir de lui, mais de notes de plusieurs admirateurs dont Madame B.G. Emile LEON (en 1920) et M. BURNAT-PROVINS (sur un voyage en octobre 1918).
Sur la couverture du livre, l'adresse n'est pas celle du président, mais de l'auteur à Nancy "et à la Librairie Oliveri, av. de la Bourdonnais, 65, Paris".
 
Le principal tient au bas de la page 22 :
 
COMMENT IL FAUT PRATIQUER L'AUTOSUGGESTION CONSCIENTE
Tous les matins au réveil, et tous les soirs, aussitôt au lit, fermer les yeux et, sans chercher à fixer son attention, sur ce que l'on dit, prononcer avec les lèvres, assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle munie de vingt nœuds, la phrase suivante : Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. Les mots à tous points de vue s'adressant à tout, il est inutile de se faire des autosuggestions particulières.
 
Faire cette autosuggestion d'une façon simple, aussi enfantine, aussi machinale que possible, par conséquent sans le moindre effort. En un mot, la formule doit être répétée sur le ton employé pour réciter des litanies.
 
De cette façon, l'on arrive à la faire pénétrer mécaniquement dans l'inconscient par l'oreille et, quand elle y a pénétré, elle agit. Suivre toute sa vie cette méthode qui est aussi bien préventive que curative.
 
De plus chaque fois que, dans le courant de la journée ou de la nuit, l'on ressent une souffrance physique ou morale, s'affirmer immédiatement à soi-même qu'on n'y contribuera pas consciemment et qu'on va la faire disparaître, puis s'isoler autant que possible, fermer les yeux et, se passant la main sur le front, s'il s'agit de quelque chose de moral ou sur la partie douloureuse, s'il s'agit de quelque chose physique, répéter extrêmement vite avec les lèvres, les mots : Ça passe, ça passe, etc., etc. , aussi longtemps que cela est nécessaire. Avec un peu d'habitude on arrive à faire disparaître la douleur morale ou physique au bout de 20 à 25 secondes. Recommencer chaque fois qu'il en est besoin.
 
 
(NdSQ : Ci dessus est un extrait littéral pris au bas de la page 22. On le retrouve page 94 quasi identique. Ci dessous presque in extenso, l'ensemble du livre dont les pages originelles sont indiquées [[nn]] entre crochets. Les "sic" proviennent sans doute du bureau belge qui a scanné le livre. Je me suis permis de corriger par ci par là des fautes trop simples.)
 

LA MAÎTRISE DE SOI-MÊME
PAR
L'AUTOSUGGESTION CONSCIENTE


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MESDAMES, MESSIEURS,
 
La suggestion ou plutôt l'autosuggestion est un sujet tout à fait nouveau, en même temps qu'il est aussi vieux que le monde.
 
Il est nouveau en ce sens que, jusqu'à présent, il a été mal étudié et, par conséquent, mal connu; il est ancien parce qu'il date de l'apparition de l'homme sur la terre. En effet, l'autosuggestion est un instrument que nous possédons en naissant et cet instrument, ou mieux cette force, est doué d'une puissance inouïe, incalculable, qui, suivant les circonstances, produit les meilleurs ou les plus mauvais effets. La connaissance de cette force est utile à chacun de nous, mais elle est plus particulièrement indispensable aux médecins, aux magistrats, aux avocats, aux éducateurs de la jeunesse.
 
Lorsqu'on sait la mettre en pratique d'une façon consciente, on évite d'abord de provoquer chez les autres des autosuggestions mauvaises dont les conséquences peuvent être désastreuses, et ensuite l'on en provoque consciemment de bonnes qui ramènent la santé physique chez les malades, la santé morale chez les névrosés, les [[2]] dévoyés, victimes inconscientes d'autosuggestions antérieures, et aiguillent dans la bonne voie des esprits qui avaient tendance à s'engager dans la mauvaise.
 

L'ÊTRE CONSCIENT ET L'ÊTRE INCONSCIENT

 
Pour bien comprendre les phénomènes de la suggestion, ou pour parler plus justement, de l'autosuggestion, il est nécessaire de savoir qu'il existe en nous deux individus absolument distincts l'un de l'autre. Tous deux sont intelligents; mais, tandis que l'un est conscient, l'autre est inconscient. C'est la raison pour laquelle son existence passe généralement inaperçue.
 
Et cependant cette existence est facile à constater, pour peu qu'on se donne la peine d'examiner certains phénomènes et qu'on veuille bien y réfléchir quelques instants. En voici des exemples :
 
Tout le monde connaît le somnambulisme, tout le monde sait qu'un somnambule se lève la nuit, sans être éveillé, qu'il sort de sa chambre après s'être habillé ou non, qu'il descend des escaliers, traverse des corridors et que, après avoir exécuté certains actes ou accompli certain travail, il revient à sa chambre, se recouche, et montre le lendemain le plus grand étonnement en trouvant terminé un travail qu'il avait laissé inachevé la veille.
 
Cependant c'est lui qui l'a fait, bien qu'il n'en sache rien. À quelle force son corps a-t-il obéi, si ce n'est à une force inconsciente, à son être inconscient ?
 
Considérons maintenant, si vous le voulez bien, le cas trop fréquent, hélas ! d'un alcoolique atteint de delirium tremens. Comme pris d'un accès de démence, il s'empare d'une arme quelconque, couteau, marteau, hachette, et frappe, frappe furieusement ceux qui ont le malheur d'être dans son voisinage. Quand, l'accès terminé, l'homme [[3]] recouvre ses sens, il contemple avec horreur la scène de carnage qui s'offre à sa vue, ignorant que c'est lui-même qui en est l'auteur. Ici encore, n'est-ce pas l'inconscient qui a conduit ce malheureux ? [1] (N.B. La note, qui se trouve beaucoup plus bas est mise ici:
Et que de phobies dans la masse, à des degrés divers, parfois presque imperceptibles; quels maux nous nous créons ! tous !! et dans tous les domaines, en ne prenant pas immédiatement le contre-pied de nos mauvaises autosuggestions inconscientes par de bonnes autosuggestions conscientes réalisant la disparition de toute souffrance injustifiée.)
 
Si nous comparons l'être conscient à l'être inconscient, nous constatons que, tandis que le conscient est doué souvent d'une mémoire très infidèle, l'inconscient, au contraire, est pourvu d'une mémoire merveilleuse, impeccable, qui enregistre, à notre insu, les moindres événements, les moindres faits de notre existence. De plus, il est crédule et accepte, sans raisonner, ce qu'on lui dit. Et, comme c'est lui qui préside au fonctionnement de tous nos organes par l'intermédiaire du cerveau, il se produit ce fait, qui vous semble plutôt paradoxal, que s'il croit que tel ou tel organe fonctionne bien ou mal, que nous ressentons telle ou telle impression, cet organe, en effet, fonctionne bien ou mal, ou bien nous ressentons telle ou telle impression.
 
Non seulement l'inconscient préside aux fonctions de notre organisme, mais il préside aussi à l'accomplissement de toutes nos actions, quelles qu'elles soient.
 
C'est lui que nous appelons imagination et qui, contrairement à ce qui est admis, nous fait toujours agir, même et surtout contre notre volonté, lorsqu'il y a antagonisme entre ces deux forces.
 

VOLONTÉ ET IMAGINATION

 
Si nous ouvrons un dictionnaire et que nous cherchions [[4]] le sens du mot volonté, nous trouverons cette définition : Faculté de se déterminer librement à certains actes . Nous accepterons cette définition comme vraie, inattaquable. Or, rien n'est plus faux, et cette volonté, que nous revendiquons si fièrement, cède toujours le pas à l'imagination. C'est une règle absolue, qui ne souffre aucune exception.
 
Blasphème! paradoxe! vous écrierez-vous. Nullement. Vérité, pure vérité, vous répondrai-je.
 
Et pour vous en convaincre, ouvrez les yeux, regardez autour de vous, et sachez comprendre ce que vous voyez. Vous vous rendrez compte alors que ce que je vous dis n'est pas une théorie en l'air, enfantée par un cerveau malade, mais la simple expression de ce qui est.
 
Supposons que nous placions sur le sol une planche de 10 mètres de long sur 0 m. 25 de large, il est évident que tout le monde sera capable d'aller d'un bout à l'autre de cette planche sans mettre le pied à côté. Changeons les conditions de l'expérience et supposons cette planche placée à la hauteur des tours d'une cathédrale, quelle est donc la personne qui sera capable de s'avancer, seulement d'un mètre, sur cet étroit chemin ? Est-ce vous qui m'écoutez ? Non, sans doute. Vous n'auriez pas fait deux pas que vous vous mettriez à trembler et que, malgré tous vos efforts de volonté, vous tomberiez infailliblement sur le sol.
 
Pourquoi donc ne tomberez-vous pas si la planche est à terre et pourquoi tomberez-vous si elle est élevée ? Tout simplement parce que, dans le premier cas, vous vous imaginez qu'il vous est facile d'aller jusqu'au bout de cette planche, tandis que, dans le second, vous vous imaginez que vous ne le pouvez pas.
 
Remarquez que vous avez beau vouloir avancer : si [[5]] vous vous imaginez que vous ne le pouvez pas, vous êtes dans l'impossibilité absolue de le faire.
 
Si des couvreurs, des charpentiers, sont capables d'accomplir cette action, c'est qu'ils s'imaginent qu'ils le peuvent.
 
Le vertige n'a pas d'autre cause que l'image que nous nous faisons que nous allons tomber; cette image se transforme immédiatement en acte, malgré tous nos efforts de volonté, d'autant plus vite même que ces efforts sont plus violents.
 
Considérons une personne atteinte d'insomnie. Si elle ne fait pas d'efforts pour dormir, elle restera tranquille dans son lit. Si, au contraire, elle veut dormir, plus elle fait d'efforts, plus elle est agitée.
 
N'avez-vous pas remarqué que plus vous voulez trouver le nom d'une personne que vous croyez avoir oublié, plus il vous fuit, jusqu'au moment où substituant dans votre esprit l'idée "ça va revenir" à l'idée j'ai oublié le nom vous revient tout seul, sans le moindre effort ?
 
Que ceux qui font de la bicyclette se rappellent leurs débuts. Ils étaient sur la route, se cramponnant à leur guidon, dans la crainte de tomber. Tout à coup, apercevant au milieu du chemin un simple petit caillou ou un cheval, ils cherchaient à éviter l'obstacle, plus droit ils se dirigeaient sur lui.
 
À qui n'est-il pas arrivé d'avoir le fou rire, c'est-à-dire un rire qui éclatait d'autant plus violemment que l'on faisait plus d'efforts pour le retenir ?
 
Que était l'état d'esprit de chacun dans ces différentes circonstances ? Je veux ne pas tomber, mais je ne peux pas m'en empêcher; je veux dormir, mais je ne peux pas; je veux trouver le nom de Madame Chose, mais je ne [[6]] peux pas; je veux éviter l'obstacle, mais je ne peux pas; je veux contenir mon rire, mais je ne peux pas.
 
Comme on le voit, dans chacun de ces conflits, c'est toujours l'imagination qui l'emporte sur la volonté, sans aucune exception.
 
Dans le même ordre d'idées, ne voyons-nous pas qu'un chef qui se précipite en avant, à la tête de ses troupes, les entraîne toujours après lui, tandis que le cri : Sauve qui peut ! détermine presque fatalement une déroute ? Pourquoi ? C'est que, dans le premier cas, les hommes s'imaginent qu'ils doivent marcher en avant et que, dans le second, ils s'imaginent qu'ils sont vaincus et qu'il leur faut fuir pour échapper à la mort.
 
Panurge n'ignorait pas la contagion de l'exemple, c'est-à-dire l'action de l'imagination, quand, pour se venger d'un marchand avec lequel il naviguait, il lui achetait son plus gros mouton et le jetait à la mer, certain d'avance que le troupeau suivrait tout entier, ce qui eut lieu, du reste.
 
Nous autres, hommes, nous ressemblons plus ou moins à la gent moutonnière et, contre notre gré, nous suivons irrésistiblement l'exemple d'autrui, nous imaginant que nous ne pouvons faire autrement.
 
Je pourrais citer encore mille autres exemples, mais je craindrais que cette énumération ne devînt fastidieuse. Je ne puis cependant passer sous silence ce fait qui montre la puissance énorme de l'imagination, autrement dit, de l'inconscient dans sa lutte contre la volonté.
 
Il y a des ivrognes qui voudraient bien ne plus boire, mais qui ne peuvent s'empêcher de le faire. Interrogez- les, ils vous répondront, en toute sincérité, qu'ils voudraient être sobres, que la boisson les dégoûte, mais qu'ils sont irrésistiblement poussés à boire, malgré leur [[7]] volonté, malgré le mal qu'ils savent que cela leur fera...
 
De même, certains criminels commettent des crimes malgré eux, et quand on leur demande pourquoi ils ont agi ainsi, ils répondent : Je n'ai pas pu m'en empêcher, cela me poussait, c'était plus fort que moi.
 
Et l'ivrogne et le criminel disent vrai; ils sont forcés de faire ce qu'ils font, par la seule raison qu'ils s'imaginent ne pas pouvoir s'en empêcher.
 
Ainsi donc, nous qui sommes si fiers de notre volonté, nous qui croyons faire librement ce que nous faisons, nous ne sommes en réalité que pauvres fantoches dont notre imagination tient tous les fils. Nous se cessons d'être ces fantoches que lorsque nous avons appris à la conduire.
 

SUGGESTION ET AUTOSUGGESTION

 
D'après ce qui précède, nous pouvons assimiler l'imagination à un torrent qui entraîne fatalement le malheureux qui s'y est laissé tomber, malgré sa volonté de gagner la rive. Ce torrent semble indomptable; cependant si vous savez vous y prendre, le vous le détournerez de son cours, vous le conduirez à l'usine, et là vous transformerez sa force en mouvement, en chaleur, en électricité.
 
Si cette comparaison ne vous semble pas suffisante, nous assimilerons l'imagination (la folle du logis, comme on s'est plu à l'appeler) à un cheval sauvage qui n'a ni guides, ni rênes. Que peut faire le cavalier qui le monte, sinon se laisser aller où il plaît au cheval de le conduire ? Et, souvent alors, si ce dernier s'emporte, c'est dans le fossé que s'arrête sa course. Que le cavalier vienne à mettre des rênes à ce cheval, et les rôles sont changés. [[8]] Ce n'est plus lui qui va où il veut, c'est le cavalier qui fait suivre au cheval la route qu'il désire.
 
Maintenant que nous nous sommes rendu compte de la force énorme de l'être inconscient ou imaginatif, je vais montrer que cet être, considéré comme indomptable, peut être aussi facilement dompté qu'un torrent ou un cheval sauvage.
 
Mais avant d'aller plus loin, il est nécessaire de définir soigneusement deux mots que l'on emploie souvent, sans qu'ils soient toujours bien compris. Ce sont les mots suggestion et autosuggestion.
 
Qu'est-ce donc que la suggestion ? On peut la définir l'action d'imposer une idée au cerveau d'une personne . Cette action existe-t-elle réellement ? À proprement parler, non. La suggestion n'existe pas en effet par elle-même; elle n'existe et ne peut exister qu'à la condition sine qua non de se transformer chez le sujet en autosuggestion. Et ce mot, nous définirons "l'implantation d'une idée en soi-même par soi-même". Vous pouvez suggérer quelque chose à quelqu'un; si l'inconscient de ce dernier n'a pas accepté cette suggestion, s'il ne l'a pas digérée, pour ainsi dire, afin de la transformer en autosuggestion, elle ne produit aucun effet.
 
Il m'est arrivé quelquefois de suggérer une chose plus ou moins banale à des sujets très obéissants d'ordinaire, et de voir ma suggestion échouer. La raison en est que l'inconscient de ces sujets s'était refusé à l'accepter et ne l'avait pas transformée en autosuggestion.
 
[[9]]
 

EMPLOI DE L'AUTOSUGGESTION

 
Je reviens à l'endroit où je disais que nous pouvons dompter et conduire notre imagination, comme on dompte un torrent ou un cheval sauvage. Il suffit pour cela, d'abord de savoir que cela est possible (ce que presque tout le monde ignore), et ensuite d'en connaître le moyen. Eh bien! ce moyen est fort simple; c'est celui que, sans le vouloir, sans le savoir, d'une façon absolument inconsciente de notre part, nous employons chaque jour depuis que nous sommes au monde, mais que, malheureusement pour nous, nous employons souvent mal et pour notre plus grand dam. Ce moyen c'est l'autosuggestion.
 
Tandis que, habituellement, on s'autosuggère (sic) inconsciemment, il suffit de s'autosuggérer consciemment et le procédé consiste en ceci : d'abord, bien peser avec sa raison les choses qui doivent faire l'objet de l'autosuggestion et, selon que celle-ci répond oui ou non, se répéter plusieurs fois, sans penser à autre chose : Ceci vient ou ceci se passe; ceci sera ou ne sera pas, etc. etc., et si l'inconscient accepte cette suggestion, s'il s'autosuggère, on voit la ou les choses se réaliser de point en point.
 
Ainsi entendue, l'autosuggestion n'est autre chose que l'hypnotisme tel que je le comprends et que je définis par ces simples mots : Influence de l'imagination sur l'être moral et l'être physique de l'homme.
 
Or, cette action est indéniable et, sans revenir aux exemples précédents, j'en citerai quelques autres.
 
Si vous vous persuadez à vous-même que vous pouvez faire une chose quelconque, pourvu qu'elle soit possible, vous la ferez, si difficile qu'elle puisse être. Si, au contraire, vous vous imaginez ne pas pouvoir faire la chose [[10]] la plus simple du monde, il vous est impossible de la faire et les taupinières deviennent pour vous des montagnes infranchissables.
 
Tel est le cas des neurasthéniques qui, se croyant incapable du moindre effort, se trouvent souvent dans l'impossibilité de faire seulement quelques pas sans ressentir une extrême fatigue. Et ces mêmes neurasthéniques, quand ils font des efforts pour sortir de leur tristesse, s'y enfoncent de plus en plus, semblables au malheureux qui s'enlise et qui s'enfonce d'autant plus vite qu'il fait plus d'efforts pour se sauver.
 
De même il suffit de penser qu'une douleur s'en va pour sentir en effet cette douleur disparaître peu à peu, et, inversement, il suffit de penser que l'on souffre pour que l'on sente immédiatement venir la souffrance.
 
Je connais certaines personnes qui prédisent à l'avance qu'elles auront la migraine tel jour, dans telles circonstances, et, en effet, au jour dit, dans les circonstances données elles la ressentent. Elles se sont elles-mêmes donné leur mal, de même que d'autres se guérissent leur par autosuggestion consciente.
 
Je sais que, généralement, on passe pour fou aux yeux du monde, quand on ose émettre des idées qu'il n'est pas habitué à entendre. Eh bien ! au risque de passer pour fou, je dirai que, si nombre de personnes sont malades moralement et physiquement, c'est qu'elles s'imaginent être malades, soit au moral, soit au physique; si certaines personnes sont paralytiques, sans qu'il y ait aucune lésion chez elles, c'est qu'elles s'imaginent être paralysées, et c'est parmi ces personnes que se produisent les guérisons les plus extraordinaires.
 
Si certains sont heureux ou malheureux, c'est qu'ils s'imaginent être heureux ou malheureux, car deux per- [[11]] sonnes, placées exactement dans les mêmes conditions, peuvent se trouver, l'une parfaitement heureuse, l'autre absolument malheureuse.
 
La neurasthénie, le bégaiement, les phobies, la kleptomanie, certaines paralysies, etc., ne sont autre chose que le résultat de l'action de l'inconscient sur l'être physique ou moral.
 
Mais si notre inconscient est la source de beaucoup de nos maux, il peut aussi amener la guérison de nos affections morales et physiques. Il peut, non seulement réparer le mal qu'il a fait, mais encore guérir des maladies réelles, si grande est son action sur notre organisme.
 
Isolez-vous dans une chambre, asseyez-vous dans un fauteuil, fermez les yeux pour éviter toute distraction, et pensez uniquement pendant quelques instants: Telle chose est en train de disparaître , telle chose est en train de venir.
 
Si vous vous êtes fait réellement de l'autosuggestion, c'est-à-dire si votre inconscient a fait sienne l'idée que vous lui avez offerte, vous êtes tout étonné de voir se produire la chose que vous avez pensée. (Il est à noter que le propre des idées autosuggérées est d'exister en nous à notre insu et que nous ne pouvons savoir qu'elles y existent que par les effets qu'elles produisent.) Mais surtout, et cette recommandation est essentielle, que la volonté n'intervienne pas dans la pratique de l'autosuggestion; car, si elle n'est pas d'accord avec l'imagination, si l'on pense : Je veux que telle ou telle chose se produise, et que l'imagination dise : Tu le veux, mais cela ne sera pas, non seulement on n'obtient pas ce que l'on veut, mais encore on obtient exactement le contraire.
 
Cette observation est capitale, et elle explique pourquoi les résultats sont si peu satisfaisants quand, dans [[12]] le traitement des affections morales, on s'efforce de faire la rééducation de la volonté. C'est à l'éducation de l'imagination qu'il faut s'attacher, et c'est grâce à cette nuance que ma méthode a souvent réussi là où d'autres, et non des moindres, avaient échoué.
 
Des nombreuses expériences que je fais journellement depuis vingt ans et que j'ai observées avec un soin minutieux, j'ai pu tirer les conclusions qui suivent et que j'ai résumées sous forme de lois :
 
1° Quand la volonté et l'imagination sont en lutte, c'est toujours l'imagination qui l'emporte, sans aucune exception;
2° Dans le conflit entre la volonté et l'imagination, la force de l'imagination est en raison directe du carré de la volonté;
3° Quand la volonté et l'imagination sont d'accord, l'une ne s'ajoute pas à l'autre, mais l'une se multiplie par l'autre;
4° L'imagination peut être conduite.
(Les expressions en raison directe du carré de la volonté et se multiplie ne sont pas rigoureusement exactes. C'est simplement une image destinée à faire comprendre ma pensée.)
 
D'après ce qui vient d'être dit, il semblerait que personne ne dût jamais être malade. Cela est vrai. Toute maladie, presque sans exception, peut céder à l'autosuggestion, si hardie et si invraisemblable que puisse paraître mon affirmation; je ne dis pas cède toujours, mais peut céder, ce qui est différent.
 
Mais pour amener les gens à pratiquer l'autosuggestion consciente, il faut leur enseigner comment faire, de même qu'on leur apprend à lire ou à écrire, qu'on leur enseigne la musique, etc.
 
L'autosuggestion est, comme je l'ai dit plus haut, un [[13]] instrument que nous portons en nous en naissant, et avec lequel nous jouons inconsciemment toute notre vie, comme un bébé joue avec son hochet. Mais c'est un instrument dangereux; il peut vous blesser, vous tuer même, si vous le maniez imprudemment et inconsciemment. Il vous sauve, au contraire, quand vous savez l'employer d'une façon consciente. On peut dire de lui ce qu'Ésope disait de la langue : C'est meilleure, et en même temps la plus mauvaise chose du monde.
 
Je vais vous expliquer maintenant comment on peut faire que tout le monde ressente l'action bienfaisante de l'autosuggestion appliquée d'une façon consciente.
 
En disant tout le monde , j'exagère un peu, car il y a deux classes de personnes chez lesquelles il est difficile de provoquer l'autosuggestion consciente :
 
1° Les arriérés, qui ne sont pas capables de comprendre ce que vous leur dites;
2° Les gens qui ne consentent pas à comprendre.
 

COMMENT IL FAUT PROCÉDER POUR
APPRENDRE AU SUJET À S'AUTOSUGGESTIONNER

 
Le principe de la méthode se résume en ces quelques mots :
 
On ne peut penser qu'à une chose à la fois, c'est-à-dire que deux idées peuvent se juxtaposer, mais non se superposer dans notre esprit.
 
Toute pensée occupant uniquement notre esprit devient vraie pour nous et a tendance à se transformer en acte.
 
Donc, si vous arrivez à faire penser à un malade que sa souffrance disparaît, elle disparaîtra; si vous arrivez [[14]] à faire penser à un kleptomane qu'il ne volera plus, il ne volera plus, etc., etc.
 
Cette éducation qui vous semble peut-être une impossibilité, est cependant la chose la plus simple du monde. Il suffit, par une série d'expériences appropriées et graduées, d'apprendre, pour ainsi dire, au sujet, l'ABC de la pensée consciente, et cette série, la voici. Si on la suit à la lettre, on est sûr, absolument sûr d'obtenir un bon résultat, sauf avec les deux catégories de personnes désignées plus haut.
 
Première expérience (préparatoire). - Prier le sujet de se tenir debout, le corps raide comme une barre de fer, les pieds joints d'une extrémité à l'autre, en conservant les chevilles molles, comme si elles étaient des charnières; lui dire de s'assimiler à une planche ayant des gonds à sa base, et qu'on arriverait à mettre en équilibre sur le sol; lui faire observer que, si l'on pousse légèrement la planche en avant ou en arrière, celle-ci tombe comme une masse, sans aucune résistance, du côté vers lequel on la pousse; le prévenir que vous allez le tirer en arrière par les épaules et lui dire de se laisser tomber dans vos bras, sans opposer la moindre résistance, en tournant autour de ses chevilles comme charnières, c'est-à-dire ses pieds restant cloués sur le sol. Le tirer alors en arrière par les épaules et, si l'expérience ne réussit pas, la recommencer jusqu'à ce qu'elle soit réussie ou à peu près.
 
Deuxième expérience. - Expliquer d'abord au sujet que, pour lui montrer l'action de l'imagination sur nous-mêmes, vous allez le prier, dans un instant, de penser je tombe en arrière, je tombe en arrière, etc. , qu'il ne doit avoir que cette pensée dans l'esprit, qu'il ne doit faire aucune réflexion, qu'il ne doit pas se demander s'il [[15]] va tomber ou non, que s'il tombe il peut se faire du mal, etc., etc., qu'il ne doit pas, pour vous faire plaisir tomber exprès en arrière, mais que, par contre, s'il ressent un je ne sais quoi qui l'attire, il ne doit résister, mais, au contraire, obéir à l'attraction qu'il éprouve.
 
Prier alors le sujet de lever fortement le tête et de fermer les yeux, placer le poing sous sa nuque, la main gauche sur son front, et lui dire : Pensez je tombe en arrière, je tombe en arrière, etc., etc., et, en effet, vous tombez en arrière vous tom-bez-en-ar-rière, etc. En même temps, faire glisser la main gauche légèrement en arrière sur la tempe gauche, au-dessus de l'oreille et retirer lentement, très lentement, mais d'une façon continue, le poing droit.
 
On sent aussitôt le sujet esquisser un mouvement en arrière et s'arrêter dans sa chute ou bien tomber. Dans le premier cas, lui dire qu'il a résisté, qu'il n'a pas pensé qu'il tombait, mais qu'il allait se blesser s'il tombait. Cela est vrai, car s'il n'avait pas eu cette pensée, il serait tombé d'un bloc. Recommencer l'expérience, en employant un ton de commandement, comme si l'on voulait forcer le sujet à vous obéir. Continuer ainsi jusqu'à réussite complète ou presque complète. Une recommandation à faire à l'opérateur est de se tenir un peu en arrière du sujet, la jambe gauche en avant, la jambe droite portée fortement en arrière, afin de ne pas être renversé par le sujet quand il tombe. Si l'on négligeait cette précaution, il pourrait en résulter une double chute lorsque la personne est lourde.
 
Troisième expérience. - Faire placer le sujet en face de soi, le corps toujours raide, les chevilles molles et les pieds joints et parallèles. Lui placer les deux mains sur les tempes, sans appuyer, le regarder fixement, sans remuer les paupières, à la racine du nez, lui dire de [[16]] penser je tombe en avant, je tombe en avant et lui répéter, en scandant les syllabes : Vous tom-bez-en-a-vant, vous tom-bez-en-avant, etc., sans cesser de le regarder fixement.
 
Quatrième expérience. - Prier le sujet de croiser les mains et de serrer les doigts au maximum, c'est-à-dire jusqu'à ce qu'il se produise un léger tremblement, le regarder comme dans l'expérience précédente et tenir ses mains sur les siennes, en pressant légèrement celles-ci, comme pour les serrer plus fortement. Lui dire de penser qu'il ne peut plus desserrer les doigts, que vous allez compter jusqu'à trois et que, quand vous direz : Trois , il devra essayer de séparer ses mains, en pensant toujours je ne peux pas, je ne peux pas, etc., il constatera que cela lui est impossible. Compter alors un, deux, trois , très lentement, et ajouter immédiatement, en détachant les syllabes : Vous-ne-pou-vez pas, vous-ne-pou-vez pas, etc. Si le sujet pense bien : je ne peux pas non seulement il ne peut pas desserrer les doigts, mais encore ces derniers se serrent avec d'autant plus de force qu'il fait plus d'efforts pour les séparer. Il obtient en somme le résultat contraire à celui qu'il voudrait obtenir. Au bout de quelques secondes, lui dire : Maintenant, pensez je peux , et ses doigts se desserrent.
 
Avoir toujours soin de tenir le regard fixé sur la racine du nez du sujet et ne pas permettre à ce dernier de détourner un seul instant ses yeux des vôtres.
 
Si l'on voit que celui-ci peut détacher ses mains, ne pas croire que c'est sa propre faute; c'est celle du sujet. Il n'a pas bien pensé je ne peux pas . Affirmez-le-lui avec certitude et recommencez l'expérience.
 
Employez toujours un ton de commandement qui ne [[17]] souffre pas de désobéissance. Je ne veux pas dire qu'il soit nécessaire d'élever la voix; au contraire, il est préférable d'employer le diapason ordinaire, mais de scander chaque mot d'un ton sec et impératif.
 
Quand cette expérience a réussi, toutes les autres réussissent également bien et on les obtient facilement, en se conformant à la lettre aux instructions données plus haut.
 
Certains sujets sont très sensibles, et il est facile de les reconnaître à ce que la contraction de leurs doigts et de leurs membres se produit facilement. Après deux ou trois expériences bien réussies, il n'est plus nécessaire de leur dire : Pensez ceci, pensez cela ; on leur dit, par exemple, simplement, mais avec le ton impératif que doit employer tout bon suggestionneur : Fermez le poing : maintenant vous ne pouvez plus l'ouvrir. Fermez les yeux; maintenant vous ne pouvez plus les ouvrir , etc., et l'on voit le sujet dans impossibilité absolue d'ouvrir le poing ou les yeux, malgré tous ses efforts. Lui dire au bout de quelques instants : Vous pouvez ; instantanément la décontacture (sic) se produit.
 
Les expériences peuvent être variées à l'infini. En voici quelques-unes : faire joindre les mains et suggérer qu'elles sont soudées; faire appliquer la main sur la table et suggérer qu'elle y est adhérente; dire au sujet qu'il est collé à sa chaise et qu'il lui est impossible de se lever; le faire se lever et lui dire qu'il est dans l'impossibilité de marcher; placer un porte-plume sur une table et lui dire qu'il pèse 100 kilos et qu'il lui est impossible de le soulever, etc., etc.
 
Dans toutes ces expériences, je ne saurais trop le répéter, ce n'est pas la suggestion proprement dite qui détermine les phénomènes, mais l'autosuggestion consécutive chez le sujet à la suggestion du praticien. [[18]]
 
NOTA. - Les instructions données ci-dessus ne sont destinées qu'au professeur.
Il faut bien se garder d'essayer de faire soi-même ces expériences parce que, généralement, on ne se met pas dans les conditions voulues et l'on ne réussit pas.
 
 
 

MANIÈRE DE PROCÉDER POUR
FAIRE DE LA SUGGESTION CURATIVE

 
Quand le sujet a passé par les expériences précédentes qui ne doivent cependant pas être considérées comme indispensables et qu'il les a comprises, il est mûr pour la suggestion curative.
 
Quelle que puisse être l'affection du sujet, qu'elle soit physique ou morale, il importe de procéder toujours de la même façon et de prononcer les mêmes paroles avec quelques variantes, suivant les cas.
 
Vous dites au sujet : Asseyez-vous et fermez les yeux. Je ne veux pas essayer de vous endormir, c'est inutile. Je vous prie de fermer les yeux simplement pour que votre attention ne soit pas distraite par les objets qui frappent votre regard. Dites-vous bien maintenant que toutes les paroles que je vais prononcer vont se fixer dans votre cerveau, s'y imprimer, s'y graver, s'y incruster, qu'il faut qu'elles y restent toujours fixées, imprimées, incrustées, et que sans que vous le vouliez, sans que vous le sachiez, d'une façon tout à fait inconsciente de votre part, votre organisme et vous-même devrez y obéir. Je vous dis d'abord que, tous les jours, trois fois par jour, le matin, à midi, le soir, à l'heure des repas, vous aurez faim, c'est-à-dire que vous éprouverez cette sensation agréable qui fait penser et dire : Oh! que je mangerais donc avec plaisir ! Vous mangerez en effet avec plaisir et grand plaisir, sans toutefois trop manger. Mais vous aurez soin de mastiquer longuement vos aliments de façon à les transformer en une espèce de pâte [[19]] molle que vous avalerez. Dans ces conditions vous digérerez bien et vous ne ressentirez, ni dans l'estomac, ni dans l'intestin, aucune gêne, aucun malaise, aucune douleur, de quelque nature que ce soit. L'assimilation se fera bien et votre organisme profitera de tous vos aliments pour en faire du sang, du muscle, de la force, de l'énergie, de la vie, en un mot.
 
Puisque vous aurez bien digéré, la fonction d'excrétion s'accomplira normalement et, tous les matins, en vous levant, vous éprouverez le besoin d'évacuer et, sans avoir jamais besoin d'employer aucun médicament, de recourir à un artifice quel qu'il soit, vous obtiendrez un résultat normal et satisfaisant.
 
De plus, toutes les nuits, à partir du moment où vous désirerez vous endormir jusqu'au moment où vous désirerez vous éveiller le lendemain matin, vous dormirez d'un sommeil profond, calme, tranquille, pendant lequel vous n'aurez pas de cauchemars, et au sortir duquel vous serez tout à fait bien portant, tout à fait gai, tout à fait dispos.
 
D'un autre côté, s'il vous arrive quelquefois d'être triste, d'être sombre, de vous faire de l'ennui, de broyer du noir, à partir de maintenant il n'en sera plus ainsi et au lieu d'être triste, sombre, au lieu de vous faire du chagrin, de l'ennui, de broyer du noir vous serez gai, bien gai, gai sans raison, c'est possible, mais gai tout de même comme il pouvait vous arriver d'être triste sans raison; je dirai plus : même si vous aviez des raisons vraies, des raisons réelles de vous faire de l'ennui et du chagrin, vous ne vous en ferez pas.
 
S'il vous arrive aussi parfois d'avoir des mouvements d'impatience ou de colère, ces mouvements, vous ne les aurez plus; vous serez, au contraire, toujours patient, toujours maître de vous-même, et les choses qui vous ennuyaient, vous agaçaient, vous irritaient, vous [[20]] laisseront dorénavant absolument indifférent et calme, très calme.
 
Si quelquefois vous êtes assailli, poursuivi, hanté par des idées mauvaises et malsaines pour vous, par des craintes, des frayeurs, des phobies, des tentations, des rancunes, j'entends que tout cela s'éloigne peu à peu des yeux de votre imagination et semble se fondre, se perdre comme dans un nuage lointain où tout doit finir par disparaître complètement. Comme un songe s'évanouit au réveil, ainsi disparaîtront toutes ces vaines images.
 
J'ajoute que tous vos organes fonctionnent bien; le cœur bat normalement et la circulation du sang s'effectue comme elle doit s'effectuer; les poumons fonctionnent bien; l'estomac, l'intestin, le foie, la vésicule biliaire, les reins, la vessie, remplissent normalement leurs fonctions. Si l'un d'entre eux fonctionne actuellement d'une façon anormale, cette anomalie disparaît un peu chaque jour, de telle sorte que, dans un temps peu éloigné, elle aura disparu complètement, et cet organe aura repris sa fonction normale.
 
De plus, s'il existe quelques lésions dans l'un d'eux, ces lésions se cicatrisent de jour en jour, et elles seront rapidement guéries. (À ce propos, je dois dire qu'il n'est pas nécessaire de savoir quel organe est malade pour le guérir. Sous l'influence de l'autosuggestion tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux, l'inconscient exerce son action sur cet organe qu'il sait discerner lui-même.)
 
J'ajoute encore ceci, et c'est une chose extrêmement importante; si jusqu'à présent, vous avez éprouvé vis-à-vis de vous-même une certaine défiance, je vous dis que cette défiance disparaît peu à peu pour faire place, au contraire, à de la confiance en vous-même, basée sur cette force d'une puissance incalculable qui est en cha- [[21]] cun de nous. Et cette confiance est une chose absolument indispensable à tout être humain. Sans confiance en soi, on n'arrive jamais à rien, avec de la confiance en soi, on peut arriver à tout (dans le domaine des choses raisonnables, bien entendu). Vous prenez donc confiance en vous et la confiance vous donne la certitude que vous êtes capable de faire non seulement bien, mais même très bien, toutes les choses que vous désirerez faire, à la condition qu'elles soient raisonnables, toutes les choses aussi qu'il est de votre devoir de faire.
 
Donc, lorsque vous désirerez faire quelque chose de raisonnable, lorsque vous aurez à faire une chose qu'il est de votre devoir de faire, pensez toujours que cette chose est facile. Que les mots : difficile, impossible, je ne peux pas, c'est plus fort que moi, je ne peux pas m'empêcher de… disparaissent de votre vocabulaire : ils ne sont pas français. Ce qui est français, c'est : c'est facile et je peux. Considérant cette chose comme facile, elle le devient pour vous, alors qu'elle semblerait difficile aux autres, et cette chose, vous la faites vite, vous la faites bien, vous la faites aussi sans fatigue, parce que vous l'aurez faite sans effort. Tandis que, si l'aviez considérée comme difficile ou impossible, elle le serait devenue pour vous, tout simplement parce que vous l'auriez considérée comme telle.
 
À ces suggestions générales, qui sembleront peut-être un peu longues et même enfantines à quelques-uns, mais qui sont nécessaires, il faut ajouter celles qui s'appliquent au cas particulier du sujet que vous avez entre les mains.
 
Toutes ces suggestions doivent être faites d'un ton monotone et berceur (en accentuant toutefois les mots essentiels) qui invite le sujet, sinon à dormir, du moins à s'engourdir, à ne plus penser à rien.
 
[[22]]
 
Quand la série des suggestions est terminée, on s'adresse au sujet en ces termes : En somme, j'entends que, à tous points de vue, tant au point de vue physique qu'au point de vue moral, vous jouissiez d'une excellente santé, d'une santé meilleure que celle dont vous avez pu jouir jusqu'à présent. Maintenant je vais compter jusqu'à trois et quand je dirai trois, vous ouvrirez les yeux et sortirez de l'état où vous êtes, et vous en sortirez bien tranquillement; en en sortant, vous ne serez pas engourdi, pas fatigué le moins du monde, tout au contraire, vous vous sentirez fort, vigoureux, alerte, dispos, plein de vie; de plus vous serez gai, bien gai et bien portant sous tous rapports: Un, deux, trois.
 
Au mot trois le sujet ouvre les yeux et sourit toujours avec, sur son visage, une expression de contentement et de bien-être.
 
Une fois ce petit discours terminé, vous ajoutez ce qui suit :
 

COMMENT IL FAUT PRATIQUER
L'AUTOSUGGESTION CONSCIENTE

 
Tous les matins au réveil, et tous les soirs, aussitôt au lit, fermer les yeux et, sans chercher à fixer son attention, sur ce que l'on dit, prononcer avec les lèvres, assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle munie de vingt nœuds, la phrase suivante : Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux. Les mots à tous points de vue s'adressant à tout, il est inutile de se faire des autosuggestions particulières.
 
Faire cette autosuggestion d'une façon simple, aussi enfantine, aussi machinale que possible, par conséquent sans le moindre effort. En un mot, la formule doit être répétée sur le ton employé pour réciter des litanies.
 
De cette façon, l'on arrive à la faire pénétrer mécani- [[23]] quement dans l'inconscient par l'oreille et, quand elle y a pénétré, elle agit. Suivre toute sa vie cette méthode qui est aussi bien préventive que curative.
 
De plus chaque fois que, dans le courant de la journée ou de la nuit, l'on ressent une souffrance physique ou morale, s'affirmer immédiatement à soi-même qu'on n'y contribuera pas consciemment et qu'on va la faire disparaître, puis s'isoler autant que possible, fermer les yeux et, se passant la main sur le front, s'il s'agit de quelque chose de moral ou sur la partie douloureuse, s'il s'agit de quelque chose physique, répéter extrêmement vite avec les lèvres, les mots : Ça passe, ça passe, etc., etc. , aussi longtemps que cela est nécessaire. Avec un peu d'habitude on arrive à faire disparaître la douleur morale ou physique au bout de 20 à 25 secondes. Recommencer chaque fois qu'il en est besoin.
 
(La pratique de l'autosuggestion ne remplace pas un traitement médical, mais c'est une aide précieuse pour le malade comme pour le médecin.)
 
Après vous avoir donné des conseils, je dois vous indiquer le moyen de les mettre en pratique.
 
Il est donc facile de se rendre compte du rôle du suggestionneur. Ce n'est pas un maître qui ordonne, c'est un ami, un guide, qui conduit pas à pas le malade dans la voie de la guérison. Comme toutes ces suggestions sont données dans l'intérêt du malade, l'inconscient de ce dernier demande qu'à se les assimiler et à les transformer en autosuggestion. Quand celle-ci s'est faite, la guérison s'obtient plus ou moins rapidement.
 

SUPÉRIORITÉ DE LA MÉTHODE

 
Cette méthode donne des résultats absolument merveilleux, et il est facile de comprendre pourquoi. En effet, en agissant comme je le conseille, on n'éprouve jamais [[24]] d'échecs, si ce n'est avec les deux catégories de gens dont j'ai parlé plus haut et qui, heureusement, représentent 3% à peine de la masse.
 
Si, au contraire, on essaye d'endormir le sujet du premier coup, sans explications, sans les expériences préliminaires, nécessaires pour l'amener à accepter la suggestion et la transformer en autosuggestion, on ne peut avoir et on n'a d'action que sur les sujets extrêmement sensibles et ils sont en petit nombre.
 
Tous peuvent le devenir par l'entraînement, mais très peu le sont suffisamment sans l'éducation préalable que je conseille de leur donner et qui se fait du reste dans l'espace de quelques minutes.
 
Autrefois, me figurant que la suggestion ne pouvait bien agir que pendant le sommeil, j'essayais toujours d'endormir mon sujet; mais, ayant constaté que ce n'était pas indispensable, j'ai cessé de le faire pour lui éviter la crainte, l'angoisse qu'il éprouve presque toujours lorsqu'on lui dit qu'on va l'endormir, crainte qui fait souvent qu'il offre malgré lui une résistance involontaire au sommeil. Si vous lui dites, au contraire, que vous ne voulez pas l'endormir, que cela est absolument inutile, vous gagnez sa confiance, il vous écoute sans aucune frayeur, sans aucune arrière-pensée, et il arrive souvent, sinon la première fois, du moins très rapidement, que, se laissant bercer par le son monotone de votre voix, il s'endort d'un sommeil profond dont il se réveille tout étonné d'avoir dormi.
 
S'il y a parmi vous des incrédules, et il y en a, je leur dirai tout simplement : Venez chez moi, voyez et vous serez convaincus par les faits.
 
Il ne faut pas croire cependant qu'il soit absolument nécessaire de procéder comme je viens de le dire pour employer la suggestion et déterminer l'autosuggestion. [[25]] La suggestion peut être faite aux gens à leur insu et sans aucune préparation. Que, par exemple, un docteur qui, par son titre seul, exerce déjà sur son malade un effet suggestif, vienne à lui dire qu'il ne peut rien pour lui, que sa maladie est incurable, il provoque dans l'esprit de ce dernier une autosuggestion qui peut avoir les conséquences les plus désastreuses; qu'il lui dise au contraire que sa maladie est grave, il est vrai, mais que, avec des soins, du temps et de la patience, la guérison viendra, il pourra obtenir quelquefois et souvent même des résultats qui le surprendront.
 
Autre exemple : Qu'un médecin, après avoir examiné son malade, rédige une ordonnance et la lui donne sans aucun commentaire, les médicaments prescrits auront peu de chance de réussir; mais qu'il explique à son client que tels et tels médicaments devront être pris dans telles et telles conditions et produiront tels et tels effets, presque infailliblement les résultats annoncés seront obtenus.
 
S'il y a dans la salle des médecins ou des confrères pharmaciens, qu'ils ne me croient pas leur ennemi; je suis au contraire leur meilleur ami. D'un côté, je voudrais voir inscrire dans le programme des Écoles de Médecine l'étude théorique et pratique de la suggestion, pour le plus grand bien des malades et des médecins eux-mêmes, et d'un autre côté, j'estime que, chaque fois qu'un malade va trouver un médecin, celui-ci doit toujours lui ordonner un ou plusieurs médicaments, quand même ceux-ci ne seraient pas nécessaires. Le malade, en effet, quand il va trouver son docteur, y va pour qu'on lui indique le médicament qui guérira. Il ne sait pas que, le plus souvent, c'est l'hygiène, le régime qui agit; il y attache peu d'importance. C'est un médicament qu'il lui faut;
 
Si, à mon avis, le médecin prescrit seulement à son malade un régime sans aucune médication, celui-ci sera [[26]] mécontent, il se dira que c'était bien inutile de se déranger pour qu'on ne lui donne rien à prendre, et souvent il ira trouver un autre docteur. Il me semble donc que le médecin doit toujours prescrire des médicaments à son malade et, autant que possible, pas de ces médicaments spécialisés autour desquels on fait tant de réclame et qui ne valent, le plus souvent, que par la réclame qu'on leur fait, mais bien des médicaments formulés par eux-mêmes, qui inspirent au malade infiniment plus de confiance que les pilules X ou les poudres Y qu'il peut se procurer facilement dans toute pharmacie, sans qu'il soit besoin d'aucune ordonnance.
 
 
 

COMMENT AGIT LA SUGGESTION

 
Pour bien comprendre le rôle de la suggestion, ou plutôt de l'autosuggestion, il suffit de savoir que l'inconscient est le grand directeur de toutes nos fonctions. Faisons-lui croire, comme je l'ai déjà dit précédemment, que tel organe qui ne fonctionne pas bien, doit bien fonctionner; instantanément, il lui en transmet l'ordre, et celui-ci, obéissant docilement, sa fonction redevient normale, soit immédiatement, soit peu à peu.
 
Ceci permet d'expliquer d'une façon aussi simple que claire comment, par la suggestion, on peut arrêter des hémorragies, vaincre la constipation, faire disparaître des fibromes, guérir des paralysies, des lésions tuberculeuses, des plaies variqueuses, etc.
 
Je prendrai, comme exemple, le cas d'une hémorragie dentaire, cas que j'ai pu observer dans le cabinet de M. Gauthé, dentiste, à Troyes. Une jeune fille, que j'avais aidée à se guérir d'un asthme qui durait depuis huit ans, me dit un jour qu'elle voulait se faire arracher une dent. [[27]] Comme je la savais très sensible, je lui offris de la lui faire arracher sans douleur.
Naturellement elle accepta avec plaisir et nous prîmes rendez-vous avec le dentiste. Au jour dit, nous nous rendîmes chez lui, et, me plaçant devant la jeune fille, je lui dis: Vous ne sentez rien, vous ne sentez rien, vous ne sentez rien, etc. et, tout en continuant ma suggestion, je fis signe au dentiste. Un instant après, la dent était enlevée, sans que Mlle D… eût sourcillé. Comme il arrive assez souvent, une hémorragie se déclara. Au lieu d'employer un hémostatique quelconque, je dis au dentiste que j'allais essayer de la suggestion, sans savoir à l'avance ce qui se produirait. Donc, je priai Mlle D… de me regarder, et je lui suggérai que, dans deux minutes l'hémorragie s'arrêterait d'elle-même, et nous attendîmes. La jeune fille rejeta encore quelque crachats sanguinolents, et ensuite plus rien. Je lui dis d'ouvrir la bouche, regardâmes et nous constatâmes qu'il s'était formé un caillot de sang dans la cavité dentaire.
 
Comment s'expliquer ce phénomène? De la façon la plus simple. Sous l'influence de l'idée : l'hémorragie doit s'arrêter , l'inconscient avait envoyé aux artérioles et aux veines l'ordre de ne plus laisser s'échapper du sang et, docilement, elles s'étaient contractées naturellement comme elles l'auraient fait artificiellement, au contact d'un hémostatique, comme l'adrénaline, par exemple.
 
Le même raisonnement nous permet de comprendre comment un fibrome peut disparaître. L'inconscient ayant accepté l'idée le fibrome doit disparaître , le cerveau ordonne aux artères qui le nourrissent de se contracter, celles-ci se contractent, refusent leurs services, ne nourrissent plus le fibrome et celui-ci privé de nourriture, meurt, se dessèche, se résorbe et disparaît.
 
[[28]]
 

EMPLOI DE LA SUGGESTION POUR LA GUÉRISON DES AFFECTIONS MORALES ET DES TARES ORIGINELLES OU ACQUISES

 
La neurasthénie, si fréquente de nos jours, cède généralement à la suggestion pratiquée fréquemment de la façon que j'indique. J'ai eu bonheur de contribuer à la guérison d'un grand nombre de neurasthéniques chez les- quels tous les traitements avaient échoué. L'un d'eux même avait passé un mois dans un établissement spécial du Luxembourg sans obtenir d'amélioration. En six semaines, il a été complètement guéri, et c'est maintenant l'homme le plus heureux du monde, après s'en être cru le plus malheureux. Et jamais plus il ne retombera dans sa maladie, car je lui ai appris à se faire de l'autosuggestion consciente, et il sait la pratiquer d'une façon merveilleuse.
 
Mais si la suggestion est utile dans le traitement des affections morales et physiques, quels services bien plus grands encore ne peut-elle pas rendre à la société, en transformant en honnêtes gens les malheureux enfants qui peuplent les maisons de correction et qui ne sortent de là que pour entrer dans l'armée du crime ?
 
Que l'on ne vienne pas me dire que cela est impossible. Cela est et je puis vous en fournir la preuve.
 
Je citerai les deux cas suivants qui sont bien caractéristiques. Mais ici je dois ouvrir une parenthèse. Pour vous bien faire comprendre la façon dont la suggestion agit dans le traitement des tares morales , j'emploierai la comparaison suivante : supposons que notre cerveau soit une planche dans laquelle sont enfoncées des pointes représentant nos idées, nos habitudes, nos instincts, qui déterminent nos actions. Si nous constatons qu'il existe chez un individu une mauvaise idée, une mauvaise habitude, un mauvais instinct, en somme, une mauvaise pointe, nous en prenons une autre qui est l'idée bonne, l'habi- [[29]] tude bonne, l'instinct bon, nous la plaçons directement sur la tête de la mauvaise pointe et nous donnons dessus un coup de marteau, autrement dit, nous faisons de la suggestion. La nouvelle pointe s'enfoncera d'un millimètre, par exemple, tandis que l'ancienne sortira d'autant. À chaque nouveau coup de marteau, c'est-à-dire à chaque nouvelle suggestion, elle s'enfoncera encore d'un millimètre et l'autre sortira d'un millimètre, de sorte que, au bout d'un certain nombre de coups, l'ancienne pointe sera complètement sortie et remplacée par la nouvelle. Cette substitution opérée, l'individu lui obéit.
 
J'en reviens à mes exemples. Le jeune M…, âgé 11 ans, demeurant à Troyes, était sujet nuit et jour à certains petits accidents qui sont inhérents à la première enfance; de plus il était kleptomane et, naturellement, il mentait aussi. Sur la demande de sa mère, je lui fis de la suggestion. Dès la première séance, les accidents cessèrent pendant le jour, mais continuèrent pendant la nuit. Petit à petit, ils devinrent moins fréquents, et finalement, quelques mois après, l'enfant fut complètement guéri. En même temps, la passion du vol s'atténuait, et au bout de six mois, il ne volait plus.
 
Le frère de cet enfant, âgé 18 ans, avait conçu contre un autre de ses frères une haine violente. Chaque fois qu'il avait bu un peu plus que de raison il éprouvait l'envie de tirer son couteau et d'en frapper son frère. Il sentait que cela se produirait un jour et il sentait en même temps que, après avoir accompli son crime, il se mettrait à sangloter sur le corps de sa victime.
 
Je lui fis également de la suggestion. Chez lui, le résultat fut merveilleux. Dès la première séance, il fut guéri. Sa haine pour son frère avait disparu et, depuis lors, ils furent tous deux bons amis, cherchant à s'être agréables l'un à l'autre.
 
[[30]]
 
Je l'ai suivi pendant longtemps; la guérison persistait toujours.
 
Quand, par la suggestion, on obtient de semblables résultats, ne semblerait-il pas utile, je dirai plus, indispensable, d'adopter cette méthode et de l'introduire dans les maisons de correction ? Je suis absolument certain que, par une suggestion journellement appliquée à des enfants vicieux, on en ramènerait plus de 50% dans le droit chemin. Ne serait-ce pas rendre à la société un service immense que de lui redonner sains et bien portants des membres auparavant rongés par la pourriture morale ?
 
On m'opposera peut-être qu'il y a danger à employer la suggestion, qu'on peut s'en servir pour faire le mal. Cette objection n'a aucune valeur, d'abord parce que la pratique de la suggestion serait confiée à des gens sérieux et honnêtes, aux médecins des maisons de correction, par exemple, et que, d'autre part, ceux qui cherchent à s'en servir pour le mal n'en demandent la permission à personne.
 
Mais en admettant même qu'elle offre quelque danger (ce qui n'est pas), je demanderais à celui qui me ferait cette objection quelle est la chose que nous employons qui est sans danger. Est-ce la vapeur ? Est-ce la poudre? Sont-ce les chemins de fer, les navires, l'électricité, les automobiles, les aéroplanes ? Sont-ce les poisons que nous, médecins et pharmaciens, employons chaque jour à dose infinitésimale et qui peuvent foudroyer le malade si, dans un moment d'inattention, nous avons le malheur de tromper dans une pesée ?
 

QUELQUES CAS DE GUÉRISON

 
Ce petit travail serait incomplet s'il ne contenait quelques exemples de guérisons. Je ne citerai pas toutes cel- [[31] les dans lesquelles je suis intervenu; ce serait trop long et peut-être aussi quelque peu fatigant. Je me contenterai seulement d'en citer quelques-unes des plus remarquables.
 
 
********************
 
(Ici, ne sont pas reproduites des pages 31 à 36 de guérisons d'inconnus (initiales seules) autour de Troyes ou de Nancy.
Si un besoin pressant venait de les lire, choisir sa page sur le site original :
Intégrales 1à 37 de ces extraits
Intégrales 38 à 75 de ces extraits
Intégrales 76 à 118de ces extraits
 
* * *
 
Reprise à la page 36 (citée plus bas) :
 
* * *
 
 
Avant de terminer, je tiens à vous dire encore quelques mots sur un procédé excellent à employer par les parents pour faire l'éducation de leurs enfants et les débarrasser de leurs défauts.
 
Ils doivent pour cela attendre que l'enfant soit endormi. L'un d'eux pénètre avec précaution dans sa chambre, s'arrête à un mètre de son lit et lui répète quinze ou vingt fois en murmurant toutes les choses qu'il désire obtenir de lui, tant au point de vue de la santé, du sommeil, que du travail, de l'application, de la conduite, etc., puis il se retire, comme il est venu, en prenant bien garde d'éveiller l'enfant.
 
[[37]]
 
Ce procédé extrêmement simple donne les meilleurs résultats et il est facile d'en comprendre le pourquoi. Quand l'enfant dort, son corps et son être conscient se reposent, ils sont pour ainsi dire annihilés, mais son être inconscient veille; c'est donc à ce dernier seul que l'on s'adresse et, comme il est très crédule, il accepte ce qu'on lui dit, sans discussion et petit à petit l'enfant arrive à faire de lui-même ce que les parents désirent.
 

CONCLUSION

 
Quelle conclusion tirer de tout cela ?
Cette conclusion est bien simple et peut s'exprimer en peu de mots : nous possédons en nous une force d'une puissance incalculable qui, lorsque nous la manions d'une façon inconsciente, nous est souvent préjudiciable. Si, au contraire, nous la dirigeons d'une façon consciente et sage, elle nous donne la maîtrise de nous-mêmes et nous permet non seulement d'aider à nous soustraire nous-mêmes et à soustraire les autres à la maladie physique et à la maladie morale, mais encore de vivre relativement heureux, quelles que soient les conditions dans lesquelles nous puissions nous trouver.
 
Enfin et surtout, elle peut, elle doit être appliquée à la régénération morale de ceux qui sont sortis de la voie du bien.
 
E. COUÉ
 
*****Fin de la page 37*****
 
Saut d'une série d'observations et de fragments de lettres adressées à M.Coué (en anglais aussi, son succès étant encore plus remarquable à Londres et New York hors Nancy)
Ne sont repris que, page 52:
 
***********************
 
 
 
*
* *
 
 
…Ma thèse a été soutenue avec succès et m'a valu la note maxima et les félicitations du jury. De tous ces " honneurs " une bonne part vous revient et je ne l'oublie pas. J'ai seulement regretté que vous ne soyez pas présent à cette soutenance. Votre nom a été prononcé avec [[52]] sympathie, et plus que de la sympathie, par ce jury fort distingué. Vous pouvez estimer que votre doctrine a été accueillie à l'Université par la grande porte. Ne m'en remercier pas, car je vous dois beaucoup plus que vous ne me devez.
 
Ch. BAUDOUIN
professeur à l'Institut J.-J. Rousseau, Genève.
 
 
*
* *
 
 
… J'admire votre vaillance et suis assuré qu'elle contribuera à donner à beaucoup d'esprits une orientation intelligente et utile.
 
Je vous avouerai que j'ai personnellement profité de vos enseignements et que j'en fais profiter ma clientèle. À la clinique, nous nous efforçons de créer cette application collective et avons déjà, dans cette voie, obtenu quelques résultats appréciables.
 
Docteur BERILLON, Paris
 
 
*
* *
 
 
Récréation:
 
On peut constater que ce livre, publié l'année de sa mort, comporte des citation du docteur Berillon et de Charles Baudouin, très reconnaissants.
Ces deux personnages méritent deux approches distinctes des facettes d'Emile Coué dont le désintéressement ne lui a pas fait connaître le succès commercial de ses disciples.
 
Passons Berillon qui s'est illustré par sa haine des allemands :
... le Docteur Bérillon qui, en 1915, devant l’Académie de Médecine de Paris, soutient l’idée d’une différence d’odeurs corporelles entre Français et Allemands. Au détriment de ces derniers, bien entendu, comparés à des putois. Ainsi le docteur Bérillon proclame que " l’Allemand, qui n’a pas développé le contrôle de ses impulsions instinctives, n’a pas cultivé davantage la maîtrise de ses réactions vasomotrices. Par là il se rapprocherait de certaines espèces animales chez lesquelles la peur ou la colère ont pour effet de provoquer l’activité exagérée de glandes à sécrétions malodorantes. "
Ces propos suscitent aujourd’hui l’incrédulité voire le rire mais il convient de se rappeler que les auditeurs du Docteur Bérillon ont pris cette conférence très au sérieux lorsqu’elle fut prononcée. Ainsi, l’orateur poursuivait en déclarant tout aussi sérieusement que " La principale particularité de l’Allemand [de l’époque (*)] c’est qu’impuissant à amener par sa fonction rénale surmenée l’élimination des éléments uriques, il y ajoute la sudation plantaire. " Et de conclure le plus gravement du monde que " cette conception peut s’exprimer en disant que l’Allemand urine par les pieds. " (*NdSQ: Le webmaster de"Mémoire 78" s'est cru obligé d'ajouter cet ajout tellement indispensable que je le maintiens.)
Site d'où est tiré cet extrait. Pour approfondir ce sujet malodorant : Bouffer du Boche par Jean Yves Le Naour.
 
Par contre Charles Baudouin, après avoir été élève d'Henri Bergson puis disciple d'Emile Coué à Nancy, prof de philo à Neufchâteau (Vosges), se fixee à Genève à l'Institut Jean Jacques Rousseau avec Edouard Claparède, est le fondateur de L'institut International de Psychanalyse et de Psychotérapie, actif encore aujourd'hui en Suisse, Belgique, France, Italie. Le dandy Baudouin correspond avec Sigmund Freud,   Carl Gustav Jung, Romain Rolland, Stephan Zweig... Il est auteur de poëmes et de croquis au crayon. Il a traduit des poèmes de Carl (Friedrich Georg) Spitteler (1845-1924), est ami avec Romain Rolland... Emile Coué est un grand oublié chez ses inspirateurs.
 
 
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Reprise suivie à partir de la page 64:
 
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Pensées et Préceptes de M. Coué

 
L'homme est assimilable à un réservoir muni à la partie supérieure d'un robinet destiné à l'emplir et à la partie inférieure d'un autre robinet d'un diamètre un peu supérieur à celui du premier et destiné à le maintenir plein ou à le vider, selon qu'il est ouvert ou fermé.
 
Qu'arrive-t-il lorsque les deux robinets sont ouverts en même temps ? Évidemment le réservoir est toujours vide. Que se passe-t-il, au contraire, si le robinet inférieur reste fermé ? Le réservoir s'emplit peu à peu, puis il déborde d'une quantité égale à celle qu'il reçoit.
 
Que chacun donc tienne fermé le robinet inférieur, et pour cela, qu'il ne gaspille pas sa force, qu'il fasse un mouvement là où il n'en faut qu'un seul et non pas vingt ou quarante, comme on le fait trop souvent, qu'il n'agisse jamais avec précipitation et qu'il considère comme facile la chose à faire du moment qu'elle est possible; en procédant ainsi, notre réservoir de force sera toujours plein, et ce qui déborde est plus que suffisant pour nos besoins si nous savons le ménager.
 
* * *
 
Ce ne sont pas les années qui font la vieillesse, mais bien l'idée qu'on devient vieux; il y a des hommes qui sont jeunes à 80 ans et d'autres qui sont vieux à 40.
 
* * *
 
[[65]]
L'altruiste trouve sans le chercher ce que l'égoïste cherche sans le trouver.
 
* * *
 
Plus vous faites de bien aux autres, plus vous vous en faites à vous-même.
 
* * *
 
Est riche qui se croit riche, pauvre qui se croit pauvre.
 
* * *
 
Celui qui possède de grandes richesses devrait en consacrer une grande partie à faire le bien.
 
* * *
 
Quand deux personnes vivent ensemble, les concessions dites mutuelles viennent presque toujours de la même personne.
 
* * *
 
Voulez-vous ne jamais vous ennuyer ? Ayez plusieurs dadas. Quand vous serez fatigué de l'un d'eux, vous en enfourcherez un autre.
 
* * *
 
L'hérédité existe surtout par l'idée qu'on se fait qu'elle est d'une réalisation fatale.
 
* * *
 
Quiconque est né riche ne sait pas ce que c'est que la richesse; quiconque a toujours joui d'une bonne santé ignore le trésor qu'il possède. [[66]] Pour jouir de la richesse, il faut avoir mangé de la vache enragée; pour jouir de la santé, il faut avoir été malade.
 
* * *
 
IL VAUT MIEUX NE PAS SAVOIR D'OÙ VIENT LE MAL ET LE FAIRE PASSER QUE DE LE SAVOIR ET DE LE CONSERVER.
 
* * *
 
Simplifiez toujours sans jamais compliquer.
 
* * *
 
Les stoïciens s'appuyaient sur l'imagination en ne disant pas : Je ne veux pas souffrir , mais : Je ne souffre pas .
 
* * *
 
On ne peut avoir qu'une idée à la fois dans l'esprit; les idées s'y succèdent sans se superposer.
 
* * *
 
Je n'impose rien à personne, j'aide simplement les gens à faire ce qu'ils désireraient faire, mais qu'ils se croient incapables de faire. C'est non pas une lutte, mais une association qui existe entre eux et moi. Ce n'est pas moi qui agis, mais une force qui existe en eux et dont je leur apprends à se servir.
 
* * *
 
Ne vous inquiétez pas de la cause du mal, constatez simplement l'effet et faites-le disparaître. Peu à peu votre inconscient fera disparaître aussi la cause si cela est possible.
 
* * *
 
Les mots je voudrais bien amènent toujours mais je ne peux pas .
 
* * *
 
[[67]] Si vous souffrez, ne dites jamais : Je vais essayer de faire disparaître cela , mais : Je vais faire disparaître cela ; car lorsqu'il y a doute, il n'y a pas de résultat.
 
* * *
 
La clef de ma méthode réside dans la connaissance de la supériorité de l'imagination sur la volonté.
 
* * *
 
Si elles vont dans le même sens, si l'ont dit : Je veux et je peux , c'est parfait; autrement c'est toujours l'imagination qui l'emporte sur la volonté.
 
* * *
 
Apprenons à cultiver notre caractère, apprenons à dire les choses promptement, clairement, simplement et avec une détermination calme : parlons peu, mais clairement; ne disons que juste ce qu'il faut.
 
* * *
 
Cultivons l'empire sur nous-mêmes. Évitons la colère, car la colère use notre réserve d'énergie; elle nous affaiblit. Elle n'accomplit jamais rien de bon; elle ne fait que détruire et toujours elle est une obstacle au succès.
 
* * *
 
Soyons calmes, doux, bienveillants, sûrs de nous, et de plus, sachons nous suffire à nous-mêmes.
 
* * *
 
L'inconscient dirige tout chez nous et le physique et le moral. C'est lui qui préside au fonctionnement de tous nos organes et même de la plus petite cellule de notre individu par l'intermédiaire des nerfs.
 
* * *
 
[[68]] Craindre la maladie, c'est la déterminer.
 
* * *
 
C'est se faire illusion que de croire qu'on n'a plus d'illusions.
 
* * *
 
Ne passez pas votre temps à chercher les maladies que vous pouvez avoir, car si vous n'en avez point de réelles, vous vous en créerez d'artificielles.
 
* * *
 
Lorsque vous vous faites consciemment de l'autosuggestion, faites-la tout naturellement, tout simplement, avec conviction et surtout sans aucun effort. Si l'autosuggestion inconsciente et souvent mauvaise se réalise si facilement, c'est parce qu'elle est faite sans effort.
 
* * *
 
Ayez la certitude d'obtenir ce que vous cherchez et vous l'obtiendrez, pourvu que cette chose soit raisonnable.
 
* * *
 
Pour devenir maître de soi-même, il suffit de penser qu'on le devient… Vos mains tremblent, vos pas sont incertains, dites-vous bien que tout cela est en train de disparaître, et peu à peu cela disparaîtra.
 
* * *
 
Ce n'est pas en moi qu'il faut avoir confiance, mais en vous-mêmes, car c'est en vous seul que réside la force [[69]] qui vous guérira. Mon rôle consiste simplement à vous apprendre à vous servir de cette force.
 
* * *
 
Ne discutez jamais des choses que vous ne connaissez pas : autrement vous ne direz que des sottises.
 
* * *
 
Les choses qui vous semblent extraordinaires ont une cause toute naturelle; si elles vous paraissent extraordinaires, c'est que cette cause vous échappe. Lorsqu'elle vous est connue, il n'y a plus rien pour vous que de naturel.
 
* * *
 
Quand il y a conflit entre la volonté et l'imagination, c'est toujours l'imagination qui l'emporte. Dans ce cas trop fréquent, hélas! non seulement nous ne faisons pas ce que nous voulons, mais le contraire de ce que nous voulons. Exemple : plus nous voulons dormir, plus nous voulons trouver le nom d'une personne, plus nous voulons nous empêcher de rire, plus nous voulons éviter un obstacle en pensant que nous ne pouvons pas, plus nous sommes surexcités, plus le nom nous fuit, plus notre rire éclate, plus droit nous courons sur l'obstacle.
 
C'est donc l'imagination et non la volonté qui est la première faculté de l'homme; aussi est-ce commettre une grave erreur que de recommander aux gens de faire l'éducation de leur volonté, c'est l'éducation de leur imagination qu'ils doivent faire.
 
* * *
 
Les choses ne sont pas pour nous ce qu'elles sont, mais ce qu'elle nous semblent être; ainsi s'expliquent les té- [[70]] moignages contradictoires de personnes qui se croient de bonne foi.
 
* * *
 
Se croire maître de ses pensées fait qu'on en devient maître.
 
* * *
 
Chacune de nos pensées, bonne ou mauvaise, se concrète, se matérialise, devient, en un mot, une réalité, dans le domaine de la possibilité.
 
* * *
 
Nous sommes ce que nous nous faisons et non pas ce que le sort nous fait.
 
* * *
 
Quiconque part dans la vie avec l'idée j'arriverai , arrive fatalement, parce qu'il fait ce qu'il faut pour arriver. Si une seule occasion passe près de lui, cette occasion, n'eût-elle qu'un cheveu, il la saisit par le seul cheveu qu'elle a. De plus, il fait souvent naître, inconsciemment ou non, les événements propices.
 
Celui qui, au contraire, doute toujours de lui-même (c'est M. Constant Guignard), n'arrive jamais à rien. Celui-là peut nager dans un océan d'occasions pourvues de chevelures absaloniennes, il ne les verra pas et ne pourra pas en saisir une seule, alors qu'il lui suffirait d'étendre la main pour le faire. Et s'il fait naître des événements, ce seront des événements nuisibles. N'accusez donc pas le sort, ne vous en prenez qu'à vous-même.
 
* * *
 
On prêche toujours l'effort, il faut le répudier. Car qui [[71]] dit effort dit volonté, qui dit volonté dit entrée en jeu possible de l'imagination en sens contraire, d'où, dans ce cas, résultat précisément contraire à celui que l'on cherche à obtenir.
 
* * *
 
Toujours considérer comme facile la chose à faire, si celle-ci est possible. Dans cet état d'esprit, on ne dépensera de sa force que juste ce qui est nécessaire; si on la considère comme difficile, on dépense dix fois, vingt fois plus de force qu'il ne faut; autrement dit : on la gaspille.
 
* * *
 
L'autosuggestion est un instrument dont il faut apprendre à se servir comme on le fait pour tout autre instrument. Un fusil excellent entre des mains inexpérimentées ne donne que de piètres résultats, mais plus ces mêmes mains deviennent habiles, plus facilement elles placent les balles dans la cible.
 
* * *
 
L'autosuggestion consciente, faite avec confiance, avec foi, avec persévérance, se réalise mathématiquement dans le domaine des choses raisonnables.
 
* * *
 
Si certaines personnes n'obtiennent pas de résultats satisfaisants avec l'autosuggestion, c'est, ou bien parce qu'elles manquent de confiance, ou bien parce qu'elles font des efforts, ce qui est le cas le plus fréquent. Pour se faire de la bonne suggestion, il est absolument nécessaire de ne faire aucun effort. Celui-ci implique l'usage [[72]] de la volonté tandis que la volonté doit être nécessairement laissée de côté. C'est exclusivement à l'imagination qu'il faut avoir recours.
 
* * *
 
Nombre de personnes qui se sont soignées en vain pendant toute leur vie s'imaginent qu'elles se trouveront immédiatement guéries par la suggestion. C'est une erreur, il n'est pas raisonnable de penser ainsi. Il ne faut demander à la suggestion que ce qu'elle doit produire normalement, c'est-à-dire une amélioration progressive, qui peu à peu se transforme en une guérison complète lorsque celle-ci est possible.
 
* * *
 
Les procédés employés par les guérisseurs se ramènent tous à l'autosuggestion, c'est-à-dire que ces procédés, quels qu'ils soient : paroles, incantations, gestes, mise en scène, ont pour effet de provoquer chez les malades l'autosuggestion de guérison.
 
* * *
 
Toute maladie n'est pas simple mais double… (à moins qu'elle ne soit exclusivement morale). En effet, sur toute maladie physique vient se greffer une maladie morale. Si nous donnons à la maladie physique le coefficient 1, la maladie morale pourra avoir le coefficient 1, 2, 10, 20, 50, 100 et plus. Dans beaucoup de cas, celle-ci peut disparaître instantanément, et si son coefficient est très élevé, 100, par exemple, celui de l'affection physique étant 1, il ne reste plus que cette dernière, c'est-à-dire un cent unième de l'affection totale; c'est ce qu'on appelle un miracle, et cependant cela n'a rien de miraculeux.
 
* * *
 
[73]] Contrairement à ce que l'on pense, les affections physiques sont généralement bien plus faciles à guérir que les maladies morales…
 
* * *
 
…Buffon disait : Le style, c'est l'homme . Nous dirons, nous : L'homme est ce qu'il pense . La crainte de l'échec le fait presque sûrement échouer, de même que la pensée du succès le conduit au succès : les obstacles qu'il rencontre, il les surmontera toujours.
 
* * *
 
La conviction est aussi nécessaire au suggestionneur qu'au suggestionné. C'est une conviction, c'est cette foi qui lui permet d'obtenir des résultats là où tous les moyens ont échoué.
 
* * *
 
Ce n'est pas la personne qui agit; c'est la Méthode .
 
* * *
 
Nous pouvons nous donner à nous-mêmes des suggestion plus fortes que qui que ce soit.
 
* * *
 
…Contrairement à l'opinion généralement admise, la suggestion ou l'autosuggestion peut amener la guérison de lésions organiques.
 
* * *
 
…On croyait autrefois que l'hypnotisme ne pouvait s'appliquer qu'au traitement des maladies nerveuses; [[74]] son empire est bien plus vaste. En effet, l'hypnotisme agit par l'intermédiaire du système nerveux; mais le système nerveux domine tout l'organisme. Les muscles sont mis en mouvement par des nerfs; les nerfs régissent la circulation par leur action directe sur le cœur et par leur action sur les vaisseaux qu'ils dilatent ou contractent. Les nerfs agissent donc sur tous les organes, et par leur intermédiaire on peut porter son action sur tous les organes malades.
 
(Docteur Paul JOIRE,
président de la Société universelle d'Études psychiques.)
 
* * *
 
…Pour aider à guérir, l'influence morale a une valeur considérable. C'est un facteur de premier ordre qu'on aurait grand tort de négliger, puisque, en médecine, comme dans toutes les branches de l'activité humaine, ce sont les forces morales qui mènent le monde.
 
(Docteur Louis RENON,
professeur agrégé à la Faculté de Médecine de Paris, médecin de l'hôpital Necker.)
 
* * *
 
…La patience et la persévérance, qui sont des forces, doivent seules être employées.
 
* * *
 
…Ne jamais perdre de vue le grand principe de l'autosuggestion : Optimisme toujours et quand même malgré le démenti des événements !
 
(René DE BRABOIS) [[75]]
 
* * *
 
…La suggestion appuyée sur la foi est une force formidable! (Docteur A. L., Paris)
 
* * *
 
…Pour avoir et pour inspirer une confiance inaltérable, il faut pouvoir marcher avec l'assurance de la sincérité parfaite, et pour posséder cette assurance et cette sincérité, il faut voir au delà de son propre intérêt le bien d'autrui.
 
(La Force en Nous, par Charles BAUDOUIN.)
 
*********[[76]]**********
 

Conseils, Enseignements à ses élèves et disciples

 
Recueillis littéralement par Mme Émile LÉON
 
Les conseils à suivre pour déterminer de bonnes autosuggestions chez les malades sont courts mais suffisants quand ils sont bien suivis : Être sûr de soi et le montrer par le ton de sa voix, être très simple dans ses manières et dans la façon de s'exprimer, être cependant très affirmatif et sembler commander au malade.
 
* * *
 
Ma suggestion générale, dite d'une voix monotone, détermine chez les malades une légère somnolence qui permet à mes paroles de mieux pénétrer dans leur inconscient.
 
* * *
 
Faites que vos paroles encouragent chez le malade un sentiment de rapport amical et de confiance entière; il aimera les expériences et vous donnera toute l'attention dont vous aurez besoin. Après que vous aurez fait naître en lui une condition mentale telle qu'il se sente satisfait et en bonnes dispositions, et que vous lui aurez montré que vous êtes son ami, vous réussirez facilement.
 
* * *
 
Quelle que soit la personne que vous ayez entre les [[77]] mains, vous devrez en faire quelque chose et avoir la conciction (sic) absolue que vous en ferez quelque chose.
 
* * *
 
Dites-vous bien que tous les rôles que vous désirez remplir, vous êtes capables de les remplir, non seulement convenablement mais supérieurement, à condition qu'ils soient raisonnables, naturellement.
 
* * *
 
Lorsqu'on vous jettera un regard froid ou mécontent, ou que vous ne vous sentirez pas sympathique, cela ne vous troublera pas, ne vous enlèvera pas vos moyens habituels; cela les doublera au contraire, les triplera, vous exaltera et vous vous direz : Cette personne à qui je ne suis pas sympathique va être attirée par moi, je lui deviendrai sympathique , et, d'autre part, toute manifestation hostile glissera sur vous et vous sera indifférente.
 
* * *
 
Vous savez par la tradition que certains martyrs sont morts le sourires aux lèvres. Eh bien ! ces martyrs, malgré les supplices les plus atroces, ne souffraient pas. Ayant devant les yeux de leur imagination la couronne qui les attendait au ciel, ils éprouvaient à l'avance les joies célestes qui allaient être leur lot et ils ne sentaient rien.
 
* * *
 
Je ne dis pas de paroles inutiles et ne permets pas qu'on en dise. Vous êtes neurasthénique : je sais mieux que vous ce que vous avez, et vous souffrez beaucoup, [[78]] (les neurasthéniques sont contents qu'on leur dise qu'ils souffrent), nous allons voir à vous guérir.
 
* * *
 
Mettez-vous dans l'esprit que vous devez obtenir tel résultat et vous trouverez les moyens nécessaires pour y arriver, et sans chercher, ce qu'il y a de plus curieux. Si vous trouverez que c'est de votre devoir d'amener certaines personnes aux séances, vous trouverez des paroles pour les décider à venir, même pour leur en donner le désir.
 
* * *
 
Plus je vais, plus je vois qu'il ne faut pas forcer même l'attention; je cherche à imiter la nature par l'observation. Plus un enseignement est simple et court, meilleur il est. Ne pas chercher à se faire des suggestions diverses : Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux , répond à tout.
Une personne avait une main fermée depuis de deux ans, malgré les traitements des médecins. Le docteur X… la lui a fait ouvrir instantanément, en mettant en elle la pensée : JE PEUX.
 
* * *
 
Ne jamais plaindre une personne malade ! On me dira : "Oh! vous avez le cœur dur." - C'est dans votre intérêt, cela vous ferait du mal que je vous plaigne.
 
* * *
 
J'emploie des termes non pas vulgaires, mais familiers : ils ont plus de force.
 
* * *
 
[[79]]
Parler de la voix basse de quelqu'un qui est habitué à être obéi.
 
* * *
 
Je dis que notre voix est ce que nous la faisons, qu'elle est susceptible d'être cultivée, que nous devons la cultiver et que quiconque veut s'en donner la peine peut acquérir une bonne voix.
 
* * *
 
Le sujet veut faire telle chose, mais, s'imaginant qu'il n'en est pas capable, il fait exactement le contraire de ce qu'il veut.
Le vertige est un exemple frappant de ce que j'avance:
Une personne côtoie un précipice sur un sentier étroit, elle ne pense d'abord à rien; brusquement l'idée lui vient qu'elle pourrait peut-être tomber dans l'abîme. Si elle a le malheur de regarder de ce côté, elle est perdue; l'image de la chute se fait dans son esprit, elle se sent attirée par une force invisible qui augmente avec les efforts qu'elle fait pour résister, elle y cède et va se briser au fond du gouffre. Telle est la cause de la plupart des accidents de montagne.
 
CE QUI SE PRODUIT AU PHYSIQUE SE PRODUIT AUSSI AU MORAL, ET LES PENSÉES MALSAINES SONT COMME UNE SORTE D'ABÎME QUI DÉTERMINE LA CHUTE DE CELUI QUI NE SAIT PAS S'Y SOUSTRAIRE.
 
* * *
 
L'influence de l'esprit sur le corps existe, j'ajouterai même qu'elle est infiniment plus grande qu'on ne le pense communément. Elle est immense, incommensurable : nous la voyons déterminer quelquefois des contractures ou des paralysies qui peuvent n'être que passagères, mais [[80]] qui aussi peuvent durer toute la vie, si des circonstances particulières ne viennent pas changer l'état psychique des malades.
Témoin une femme à Paris, enfermée dans sa chambre depuis 11 années, que j'ai fait lever, marcher et courir.
 
* * *
 
Je ne veux pas dire que la volonté n'est pas une force. Au contraire, c'est une grande force; mais elle se retourne presque toujours contre nous. Il faut vous mettre dans cet état d'esprit : Je désire telle chose et je suis en train de l'obtenir , et comme vous ne faites pas d'efforts, vous réussirez.
 
* * *
 
Vous vous créez des symptômes que vous imaginez être ceux de la maladie que vous croyez avoir.
Dites à votre mal : TU M'AS EU, TU NE M'AURAS PLUS.
 
* * *
 
Répétez 20 fois, matin et soir : Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux, c'est le même remède pour tout le monde, et si simple et facile, trop simple ! n'est-ce pas ? et pourtant, ceci est très important : si vous avez la pensée que vous êtes malade, vous le serez; si vous pensez que la guérison vient, elle se produit.
Et c'est la certitude qui fait qu'on l'obtient, non pas l'espérance.
 
* * *
 
Il est très facile aux parents de faire disparaître les [[81]] défauts chez les enfants et de faire apparaître les qualités opposées, et ils y réussissent en leur répétant toutes les nuits 20 ou 25 fois, durant leur sommeil, ce qu'ils désirent d'eux : que les mamans et les papas considèrent cela comme un devoir vis-à-vis de leurs enfants; c'est une nourriture physique, et ils ont soin de leur donner à manger…
 
* * *
 
L'éloge est un stimulant, mais non quand il est exagéré. Le reproche est un stimulant pour l'individu; à continuer, le reproche paralyse. J'emploie des circonlocutions qui ne peuvent pas blesser, j'englobe le reproche dans une phrase; les gens n'en prennent pas ombrage, parce qu'ils sentent bien que je ne leur fais pas de reproches. On se fait les reproches à soi-même; quand d'autres vous les font, ils vous irritent. Je ne fais pas de reproches, JE CONSTATE.
 
* * *
 
27-2-1917. Oui, depuis hier, j'ai franchi le cap de la soixantaine et suis en train de devenir septuagénaire, mais si une bombe ou un 380 ne me rencontre pas sur son chemin, je ne m'arrêterai pas là et les années me sembleront légères.
 
C'EST L'IDÉE QUE JE ME FAIS ET ELLE SE RÉALISERA.
 
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NdSQ : Les majuscules ci dessus sont d'origine. D'autre part, c'est bien le 26 février 1857 qu'est né Emile Coué de la Châtaigneraie d'Exupère Coué, employé aux chemins de fer et Catherine Prévost, à Troyes où M. Delaunauy, pharmacien, le prend comme commis. Après 20 ans auprès de lui pendant lesquelles il prend conscience à quel point ses conseils influent sur ses clients, il développe sa méthode à Nancy à partir de 1902. En 1913 son premier "disciple", Charles BAUDOUIN°, le propulse à faire des conférences à travers le monde.
Aux Etats-Unis, en Allemagne, en Russie, la méthode Coué et le principe d' autosuggestion se développent. Ils influencent ou donnent naissance à de nouvelles approches ou techniques comme la pensée positive, la visualisation, le training autogène de Schultz, la sophrologie, l'analyse transactionnelle (AT) et la programmation neurolinguistique (PNL).
Avec l'autosuggestion, Emile Coué est le père du Coaching moderne et de sa nouvelle approche : la thérapie orientée solutions.
“le marchand de bonheur” comme il est surnommé aux Etats-Unis quitte ce monde le 2 juillet 1926. Il est enterré à Nancy sa ville d’adoption.
 
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[[82]]
 

Un Aperçu des Séances chez M. Coué


Par Mme Émile LÉON
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Longue liste effacée de 27 patients qui détaillent leur mal.
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Lorsque tout le monde a été passé en revue, M. COUÉ dit aux assistants d'ouvrir les yeux et il ajoute : Vous avez entendu les conseils que je viens de vous donner. Pour les transformer en réalités, voici ce qu'il faudra faire:
 
Tous les matins, au réveil, et tous les soirs, aussitôt au lit, fermer les yeux et, sans chercher à fixer son attention sur ce que l'on dit, prononcer avec les lèvres, assez haut pour entendre ses propres paroles et en comptant sur une ficelle munie de vingt nœuds, la phrase suivante : Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux . Les mots à tous points de vue s'adressant à tout, il est inutile d'avoir recours à des suggestion particulières.
 
Faire cette autosuggestion d'une façon aussi simple,[[94]] aussi enfantine, aussi machinale que possible, par conséquent sans le moindre effort. En un mot, la formule doit être répétée sur le ton employé pour réciter des litanies.
 
De cette façon, l'on arrive à la faire pénétrer mécaniquement dans l'Inconscient par l'oreille et, quand elle y a pénétré, elle agit.
 
Suivre toute sa vie cette méthode qui est aussi bien préventive que curative.
 
De plus, chaque fois que dans le courant de la journée ou de la nuit l'on ressent une souffrance physique ou morale, s'affirmer à soi-même qu'on n'y contribuera pas consciemment et qu'on va la faire disparaître, puis s'isoler autant que possible, fermer les yeux, et, se passant la main sur le front, s'il s'agit de quelque chose de moral, ou sur la partie douloureuse, s'il s'agit de quelque chose de physique, répéter extrêmement vite, avec les lèvres, les mots : ça passe, ça passe, etc., etc., aussi longtemps que cela est nécessaire. Avec un peu d'habitude on arrive à faire disparaître la douleur morale ou physique au bout de 20 à 25 secondes. Recommencer chaque fois qu'il en est besoin.
 
M. Coué ajoute encore ce qui suit : Si, autrefois, il vous était permis de vous faire de mauvaise autosuggestion, parce que vous vous en faisiez inconsciemment, maintenant que vous savez ce que je viens de vous apprendre, vous ne devez plus vous le permettre. Et si, malgré tout, vous vous en faites encore, n'accusez que vous-même, et frappez-vous la poitrine en disant : mea culpa, mea maxima culpa.
 
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Et maintenant, s'il est permis à une reconnaissante admiratrice de l'œuvre et du fondateur de la Méthode de dire quelques mots, je dirai :
 
Puisque M. E. Coué dit que c'est l'imagination qui [[95]] nous fait agir et que c'est cela la base de sa Méthode , je crois pouvoir ajouter : et le corps de l'édifice, ce sont les milliers de guérisons qu'il obtient, et son couronnement, couronnement magnifique, c'est ce noble aveu qui, en même temps qu'un bienfait pour les créatures est un hommage au Créateur : LE POUVOIR EST EN VOUS !.. EN CHACUN DE VOUS !…
 
Dès lors, chacun peut adapter la Méthode à ses croyances personnelles : religieuses, elle nous aidera à faire disparaître les obstacles que nous créons inconsciemment nous-mêmes entre DIEU et nous. Et pour les croyants, comme pour les sceptiques, libres penseurs, voire incroyants, elle nous apprendra à nous libérer de la douleur physique ou morale injustifiée par l'emploi si simple et si facile du merveilleux procédé de notre animateur .
 
ÇA PASSE !
 
Quant à ceux qui rejettent la méthode, ignorant le secret de sa force, je leur demanderai une chose : Rejetez-vous la lumière électrique parce que vous ignorez encore (comme les plus grands savants, d'ailleurs) ce que c'est que le courant dans le fil ?
 
Oh ! vous ne savez pas, vous ne pouvez pas savoir ce que cette Méthode bénie nous restituera physiquement et moralement.
 
MAIS EN LA VIVANT VOUS LA CONNAÎTREZ…
 
Elle vous aidera à remporter la victoire.
 
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[[96]]
 
QUELQUES NOTES SUR LE VOYAGE DE M. E. COUÉ
 
À PARIS, EN OCTOBRE 1918
 
Le désir que ne soient pas perdus pour d'autres les enseignements énoncés par M. COUÉ, à Paris, en octobre dernier, m'incite à les écrire.
 
Laissant de côté, cette fois, les nombreux malades physiques, moraux, etc.., qui ont vu, sous son action bienfaisante, leur maux s'atténuer.., disparaître ! nous citerons simplement d'abord quelques-uns de ses enseignements :
 
Demande. - Pourquoi, moi, qui ai votre méthode et la prière, est-ce que je n'obtiens pas plus de résultats ?
M. C. - Parce que probablement, il y a, au fond de vous-même, un doute inconscient ou parce que vous faites des efforts. Or, rappelez-vous que l'effort est déterminé par la volonté; si vous faites entrer la volonté en jeu, vous risquez fort de faire entrer aussi en jeu l'imagination, mais dans le sens contraire, ce qui fait que vous obtenez juste le contraire de ce que vous cherchez.
 
D. - Que faire, quand quelque chose nous ennuie ?
R. - S'il vous arrive que quelque chose vous ennuie, répétez-vous tout de suite : mais non, ça ne m'ennuie pas, mais pas du tout, du tout, cela m'est plutôt agréable .
 
En somme se montrer le coup dans le bon sens au lieu de se le monter dans le mauvais.
 
D. - Les expériences préliminaires sont-elles indispensables quand un mouvement d'orgueil les fait repousser ?
R. - Non, elles ne sont pas indispensables, mais elles [[97]] ont une très grande utilité; car, bien qu'elles puissent paraître quelque peu enfantines à certaines personnes, elles sont, au contraire, extrêmement sérieuses; elles prouvent, en effet, trois choses :
 
1°) Que toute idée que nous avons dans l'esprit devient vraie pour nous et a tendance à se transformer en acte;
2°) Que, quand il y a conflit entre l'imagination et la volonté, c'est toujours l'imagination qui l'emporte; et dans ce cas, nous faisons précisément le contraire de ce que nous voulons;
3°) Qu'il nous est facile de nous mettre dans l'esprit, sans aucun effort, l'idée que nous désirons avoir, puisque nous avons pu, sans effort, penser successivement : je ne peux pas, puis : je peux.
 
Ne pas répéter chez soi les expériences préliminaires; seul, on ne se met souvent pas dans les conditions voulues, on risque de ne pas les réussir, et dans ce cas, la confiance est ébranlée.
 
D. - Quand on souffre, on pense à son mal !
R. - Ne craignez pas de penser à votre mal; au contraire, pensez-y, mais pour lui dire : Je ne te crains pas.
 
Si vous entrez quelque part et qu'un chien se précipite sur vous en aboyant, regardez-le bien en face, il ne vous mordra pas; mais si vous le craignez, si vous lui tournez le dos, il aura vite planté ses crocs dans vos jambes.
 
D. - Mais si l'on s'en va ?
R. - Partez à reculons.
 
D. - Comment réaliser ce que l'on désire ?
R. - Vous répéter (sic) souvent ce que vous désirez, par ex.: Je prends de l'assurance , et vous en prenez; Ma mémoire s'améliore , et elle devient meilleure. Je deviens absolument maître de moi , et vous le devenez.
 
[[98]]
 
Si vous dites le contraire, c'est le contraire qui se produira.
 
Ce que vous vous dites avec persistance et très vite se produit (dans le domaine des choses raisonnables, bien entendu).
 
Quelques témoignages :
 
- Une jeune femme à une autre dame : Comme c'est simple; il n'y a rien à ajouter !
 
- Un éminent docteur parisien à de nombreux médecins qui l'entouraient : Je me suis rallié complètement aux idées de M. Coué .
 
- Un polytechnicien, critique sévère, définit ainsi M. Coué : C'est une puissance .
 
- Oui, c'est une puissance du bien. Impitoyable à la mauvaise autosuggestion défaitiste , mais inlassablement dévoué, actif et souriant pour venir en aide à tous, développer leur personnalité, et enfin leur enseigner à se guérir eux-mêmes, ce qui est la caractéristique de sa bienfaisante Méthode .
 
Comment ne pas désirer profondément que tous comprennent, saisissent la bonne nouvelle que M. Émile Coué apporte ? C'est le RÉVEIL possible en chacun, du pouvoir personnel qu'il a reçu d'être heureux et bien portant .
 
C'est, s'il y consent, le plein développement de ce pouvoir qui peut transformer sa vie.
 
Puis, et ne s'ensuit-il pas de plein droit que pour les initiés, c'est le devoir strict (qui est en même temps un bonheur) de répandre par tous les moyens qu'ils possèdent cette méthode bénie, dont les heureux résultats sont reconnus, vérifiés sur des milliers de personnes, de la faire connaître à ceux qui souffrent, qui pleurent, qui [[99]] peinent.., à tous ! et de les aider à la mettre en pratique.
 
Puis, songeant à la France triomphante, mais meurtrie, à ses défenseurs vainqueurs mais mutilés, à toutes les douleurs physiques et morales qu'a amenées la guerre, puissent ceux qui en ont le pouvoir (" Le plus grand pouvoir qui ait été donné à l'homme est celui de faire le bien [Socrate]), faire en sorte que l'inépuisable réservoir de forces physiques et morales que la Méthode met à notre portée devienne bientôt le patrimoine de toute la nation et par elle de l'humanité.
 
Mme Émile LÉON.
 
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[[100]]
 

Tout à Tous


Par Mme Émile LÉON
 
Lorsqu'on a pu profiter d'un grand bien, que ce bien est à la portée de tous, mais hélas ! ignoré de presque tous, n'est-ce pas un devoir pressant, absolu pour les initiés, de le faire connaître autour d'eux ? Car tous peuvent s'approprier les incalculables résultats de la Méthode Émile Coué .
 
Faire disparaître le douleur, c'est beaucoup ! mais amener à la possession d'une vie nouvelle tous ceux qui souffrent, combien n'est-ce pas plus encore ?…
 
En avril dernier, à Paris, nous avons eu la visite de M. Émile COUÉ, et voici quelques-uns de ses enseignements :
 
D. - Demande d'une théiste : Au point de vue religieux, je trouve que c'est indigne de l'Éternel de faire dépendre notre obéissance à sa volonté de ce que M. COUÉ appelle un truc ou procédé mécanique : l'autosuggestion consciente.
M. COUÉ. - Qu'on le veuille ou non, notre imagination domine toujours notre volonté, quand elle est en conflit avec elle. Nous la conduisons dans le bon chemin que nous indique notre raison, en employant consciemment le procédé mécanique que nous employons inconsciemment pour nous conduire souvent dans le mauvais.
 
Et l'interlocutrice songeuse se dit : Eh ! oui, pourtant, dans ce domaine élevé, l'autosuggestion consciente a le pouvoir de nous libérer des obstacles crées par nous- [[101]] mêmes, mais qui peut mettre un voile entre Dieu et nous, comme la loque suspendue à une fenêtre peut empêcher le soleil de pénétrer dans une chambre.
 
D. - Comment agir pour amener des êtres chers, qui souffrent, à se faire de bonne autosuggestion libératrice ?
R. - Ne pas insister, ni chercher à faire de la morale. Leur rappeler simplement que je leur recommande de se faire de l'autosuggestion avec la certitude d'obtenir le résultat cherché.
 
D. - Comment s'expliquer et expliquer aux autres que la répétition des mêmes mots : je vais dormir.., ça passe, etc., ait le pouvoir de produire de l'effet et surtout un effet assez puissant pour qu'il soit certain ?
R. - La répétition des mêmes paroles force à les penser et lorsqu'on les pense, elles deviennent vraies pour nous et se transforment en réalité.
 
D. - Comment conserver la maîtrise de soi-même intérieurement ?
R. - Pour être maître de soi-même, il suffit de le penser, et pour le penser on doit se le répéter souvent sans faire aucun effort.
 
D. - Et, extérieurement, garder toute sa liberté ?
R. - La maîtrise de soi-même s'applique aussi bien au physique qu'au moral.
 
D. (Affirmation). - On ne peut être sans trouble ni tristesse si l'on ne fait pas ce que l'on doit, ce ne serait pas juste, et l'autosuggestion ne peut… ne doit pas empêcher une souffrance juste.
M. COUÉ (profondément sérieux et très affirmatif) : Certainement, assurément, cela devrait ne pas être, mais cela est souvent… pour un temps tout au moins.
 
D. - Pourquoi ce malade guéri désormais avait-il sans cesse des crises terribles ? [[102]]
R. - Il attendait ses crises, il les craignait !… donc il les provoquait; si ce monsieur se met bien dans l'esprit qu'il n'aura plus de crises, il n'en aura plus; s'il pense qu'il en aura, il en aura.
 
D. - En quoi votre méthode est-elle différente des autres ?
R. - Ce qui différencie ma méthode, c'est que ce n'est pas la volonté qui nous conduit, mais bien l'imagination qui en est d'ailleurs la base.
 
D. - Voulez-vous me donner un résumé de votre méthode pour Mme R… qui s'occupe d'une œuvre importante ?
M. COUÉ. - Voici en quelques mots le résumé de la méthode :
Contrairement à ce que l'on enseigne, ce n'est pas notre volonté qui nous fait agir, mais notre imagination (être inconscient). S'il nous arrive souvent de faire ce que nous voulons, c'est que nous pensons en même temps que nous pouvons.
Dans le cas contraire, nous agissons précisément à l'inverse de notre volonté. Exemple : plus une personne qui a de l'insomnie veut dormir, plus elle est surexcitée; plus on veut trouver un nom que l'on croit avoir oublié, plus il vous échappe (il vous revient seulement quand vous remplacez dans votre esprit l'idée j'ai oublié par l'idée cela va me revenir ); plus on veut se retenir de rire, plus le rire éclate; plus un débutant à bicyclette veut éviter un obstacle, plus il y court.
Nous devons donc nous appliquer à conduire notre imagination qui nous conduit; de cette façon, nous arrivons facilement à devenir maîtres de nous-mêmes physiquement et moralement.
Comment arriver à ce résultat ? Par la pratique de l'autosuggestion consciente.
 
[[103]]
L'autosuggestion consciente est basée sur ce principe : toute idée que nous avons dans l'esprit devient vraie pour nous et a tendance à se réaliser.
 
Donc, si l'on désire quelque chose, il suffit, pour l'obtenir au bout d'un temps plus ou moins long, de se répéter souvent que cette chose est en train de venir ou en train de disparaître, suivant qu'il s'agit d'une qualité ou d'un défaut, aussi bien au physique qu'au moral.
 
On s'adresse à tout en employant matin et soir la formule générale : Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux.
 
D. - Pour les tristes… pour ceux que ont des douleurs ?
M. C. - Aussi longtemps que vous pensez : "Je suis triste !" vous ne pouvez pas être gai, et pour penser quelque chose, il suffit, sans effort, de penser : Je pense cette chose...; quant à la douleur, elle disparaîtra, si violente qu'elle soit, cela je peux vous l'affirmer.
 
Un homme arrive courbé, se traînant péniblement, appuyé sur deux cannes, son visage est d'une tristesse morne… Et la salle se remplissant, M. COUÉ entre. Après avoir interrogé cet homme, il lui dit à peut près : Bien, vous avez un rhumatisme depuis 32 ans et vous ne pouvez pas marcher. N'ayez crainte, il ne vous durera plus aussi longtemps.
 
Et après les expériences préliminaires : Fermez les yeux et répétez vivement, très vivement, avec les lèvres, les mots : Ça passe, ça passe (en même temps M. COUÉ passe sa main sur les jambes du malade, pendant 20 à 25 secondes). Maintenant vous ne souffrez plus, levez-vous et marchez (le malade marche) vite ! plus vite, encore plus vite! et puisque vous marchez si bien, vous allez courir; courez, Monsieur, courez. Le malade court, joyeux, presque juvénile, à son grand étonnement, et [[104]] aussi à celui des nombreuses personnes qui assistaient à la séance du 27 avril 1926 (Clinique du Dr Bérillon).
 
Une dame déclare : Mon mari souffrait de crises d'asthme depuis de longues années, il étouffait, au point de craindre une issue fatale; son médecin, le docteur X.., l'avait abandonné. Il a été guéri presque radicalement de ses crises après une seule visite chez M. COUÉ.
 
- Une jeune personne vient remercier M. COUÉ avec une vive effusion. Son médecin qui était avec elle dans la salle, dit que l'anémie cérébrale dont elle souffrait depuis longtemps, qu'il n'arrivait point à enrayer par les procédés habituels, avait disparu comme par enchantement par l'emploi de l'autosuggestion consciente.
 
- Une autre personne, qui avait eu la jambe fracturée et ne pouvait marcher sans souffrir, ni boiter, put immédiatement marcher normalement. Plus de douleur, plus de claudication.
 
Et dans la salle, qui vibre, éclatent les témoignages joyeux de reconnaissance de nombre de personnes soulagées ou guéries.
 
- Un docteur : L'arme de guérison, c'est l'autosuggestion ! quant à ce philosophe (il le nomme) qui écrit : il s'appuie sur le génie de COUÉ.
 
- Un monsieur, ancien magistrat, à qui une dame demande son appréciation, s'écrie tout pénétré : Je ne puis formuler aucune appréciation… je trouve cela admirable !
 
- Une femme du monde, exaltée par la disparition de ses souffrances : O Monsieur COUÉ ! on voudrait se mettre à genoux devant vous !…
 
- Une dame âgée : Il est délicieux, lorsqu'on est âgée et fragile de faire succéder à un malaise général un rafraîchissement, un grand bien-être, et la Méthode [[105]] de M. C… peut, je l'affirme, car je l'éprouve, produire cet heureux résultat, d'autant plus complet, plus durable, qu'il s'appuie sur la force toute puissante qui est en nous.
 
- Une voix chaude de sympathie le nomma du nom modeste qu'il préfère à celui de Maître : M. le Professeur Coué.
 
- Une jeune femme entièrement conquise : M. Coué va droit au but, l'atteint sûrement, et, en libérant son malade, il porte à son comble la générosité et le savoir puisqu'il laisse au malade lui-même le mérite de cette libération et l'usage d'un merveilleux pouvoir.
 
Un fin lettré, à qui une dame demande d'écrire un petit chef-d'œuvre sur la bienfaisante Méthode , s'y refuse absolument et s'appuyant sur le simple mot, qui, employé selon la Méthode , aide à la disparition de toute souffrance : ÇA PASSE… , voilà le chef-d'œuvre affirme-t-il.
 
Et les milliers de malades, soulagés ou guéris, ne le contrediront pas !
 
- Une dame qui a beaucoup souffert déclare : En relisant la Méthode , de plus en plus je la trouve supérieure à tous les développements qu'elle inspire; vraiment, il n'y a rien à retrancher ni à ajouter à cette méthode…. mais seulement à la répandre ! Je le ferai dans toute la mesure possible.
 
Et concluant maintenant, je dirai :
 
Bien que la modestie de M. C… réponde à tous et à chacun :
 
Je n'ai pas de fluide…
 
Je n'ai pas d'influence…
 
Je n'ai jamais guéri personne…
 
Mes disciples obtiennent les mêmes résultats que moi, etc..,
 
[[106]]
 
je puis dire en toute sincérité :
 
Ils y tendent, instruits par la précieuse Méthode, et quand, dans de longues, bien longues années, la voix vibrante de son auteur, rappelé là-haut, ne pourra plus l'enseigner ici-bas, la Méthode, son œuvre, contribuera à aider, secourir, consoler et guérir des milliers et des milliers d'êtres humains : elle doit être immortelle, et par la France généreuse, communiquée au monde entier… car le fin lettré avait raison, et sut d'un mot faire briller le vrai, cette aide simple et merveilleuse à la disparition de la souffrance :
 
ÇA PASSE !!!
 
Voilà le chef-d'œuvre !
 
B.G. Émile LÉON.
Paris, 6 juin 1920.
 
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[[107]]
 

Le Miracle en Soi

 
(Extrait de la Renaissance politique, littéraire et artistique du 18 décembre 1920)
 
HOMMAGE A ÉMILE COUÉ
 
Dans le courant du mois de septembre 1920, j'ouvris pour la première fois le livre de Charles Baudoin, de Genève, professeur dans cette ville, à l'Institut J.-J. Rousseau.
 
Cet ouvrage s'appelle : Suggestion et Autosuggestion. (NdSQ: il s'agit de la thèse de doctorat, à 27 ans) de L'auteur l'a dédié À Émile Coué, à l'initiateur et à l'homme de bien, en profonde reconnaissance .
 
Je le lus et ne quittai pas le volume avant d'avoir été jusqu'au bout.
 
C'est qu'il contient le très simple exposé d'une œuvre magnifiquement humanitaire, appuyée sur une théorie qui peut paraître enfantine tant elle se trouve à la portée de chacun. Et si chacun la met en pratique, il en découlera le plus grand bien.
 
Depuis plus de vingt ans d'inlassable labeur, Émile Coué, qui habite aujourd'hui Nancy, où il suivit naguère les travaux et les expériences Liébeault, père de la doctrine de la suggestion, depuis plus de vingt ans, dis-je, Coué ne s'est occupé que de cette question, mais tout spécialement pour amener ses semblables à cultiver l'autosuggestion.
 
Au commencement du siècle, Coué avait atteint le but de ses recherches, il avait dégagé la force immense et générale de l'autosuggestion. Après des expériences in-[[108]] nombrables sur des milliers de sujets, il montrait l'action du subconscient dans les cas organiques. Ceci est nouveau, et le grand mérite de ce savant profondément modeste est d'avoir trouvé le remède à des maux terribles, réputés incurables ou douloureux à l'excès, sans espoir de soulagement.
 
Ne pouvant entrer ici dans de longs détails scientifiques, je dirai seulement comment le savant de Nancy exerce sa méthode.
 
Le résumé lapidaire de toute une vie de patientes recherches et d'observations continues, c'est une formule brève, à répéter le matin et le soir.
 
Il faut la dire à mi-voix, les yeux fermés, dans une position favorable à la détente musculaire, soit au lit, soit dans un fauteuil, et sur le ton employé pour réciter des litanies.
 
Ces paroles magiques, les voici :
 
Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux.
 
On doit les prononcer vingt fois de suite, en s'aidant d'une corde à vingt nœuds, qui fait office de chapelet. Ce détail matériel a son importance, il assure la récitation machinale et c'est essentiel.
 
Pendant qu'on articule ces mots, que le subconscient enregistre, il ne faut penser à rien de spécial, ni à ses maladies, ni à ses peines, il faut être passif, avec le seul désir que tout soit pour le mieux. La formule à tous points de vue est d'un effet général.
 
Ce désir doit s'exprimer sans passion, sans volonté, avec douceur, mais avec une confiance absolue.
 
Car Émile Coué, au moment de l'autosuggestion, n'appelle nullement la volonté, au contraire; pas de volonté à cet instant-là, mais que l'imagination, le grand moteur, infiniment plus actif que celui qu'on invoque toujours, que l'imagination seule soit en jeu.
 
[[109]]
 
Prenez confiance en vous, dit ce bon conseiller, croyez, croyez fermement que tout ira bien. Et, en effet tout va très bien pour ceux qui ont la foi aveugle, fortifiée par la persévérance.
 
Comme rien ne vaut les faits, je vous raconterai ce qui m'est arrivé à moi-même, avant d'avoir jamais vu M. Coué .
 
J'en reviens donc à ce mois de septembre où j'ouvris le volume de M. Charles Baudoin. À la suite d'un exposé substantiel, l'auteur énumère la guérison de maladies telles que l'entérite, l'eczéma, le bégaiement, la mutité, une sinusite datant de vingt-cinq ans, et qui avait nécessité onze opérations, la métrite, la salpingite, les fibromes, varices, etc., enfin et surtout, les plaies tuberculeuses profondes et la phtisie (cas de Mme D.., de Troyes, âgée de 30 ans, devenue mère après sa guérison suivie sans rechutes). Ceci constaté souvent par les médecins traitants.
 
Ces exemples me frappèrent profondément, c'était là le miracle. Il ne s'agissait pas de nerfs, mais de maux que la médecine aborde sans succès. Cette guérison de la tuberculose me fut une révélation.
 
Atteinte depuis deux ans d'une névrite aiguë de la face, je souffrais horriblement. Quatre médecins, dont deux spécialistes, avaient prononcé la sentence qui suffirait à elle seule à cultiver le mal par son influence néfaste sur le moral : Rien à faire! Ce rien à faire avait été pour moi le principe de la pire des autosuggestions.
 
En possession de la formule : Tous les jours, à tous points de vue…, etc., je la récitai avec une foi qui, pour être venue subitement, n'en était pas moins capable de soulever des montagnes et jetant bas châles et écharpes, tête nue, je m'en allai au jardin sous le vent et la pluie en répétant doucement : Je vais être guérie, il n'y aura plus de névrite, elle s'en va, elle ne reviendra pas, etc. [[110]] Le lendemain, j'étais guérie et plus jamais, depuis, je n'ai souffert de ce mal abominable qui ne me permettait plus de faire un pas dehors, au moindre vent, à la moindre humidité et me rendait la vie intenable. Ce fut une immense joie. Les incrédules diront : C'était nerveux. Évidemment, et je leur abandonne ce premier point. Mais, ravie du résultat, j'expérimentai la méthode de Coué au sujet d'un œdème de la cheville gauche, résultat d'une affection des reins réputée incurable. En deux jours, l'œdème avait disparu. J'agis au point de vue fatigue, dépression morale, etc., un mieux extraordinaire se produisit et je n'eus plus qu'une idée : aller à Nancy remercier mon bienfaiteur.
 
J'y fus donc et trouvai l'homme excellent, attirant par sa bonté et sa simplicité, qui est devenu mon ami.
 
C'était indispensable de le voir sur son terrain d'action. Il me convia à une séance populaire. J'entendis un concert reconnaissant. Les lésions pulmonaires, déplacements d'organes, l'asthme, le mal de Pott (!), la paralysie, toute cette horde funeste reculait. J'ai vu marcher une paralytique tordue et déjetée sur une chaise. Coué avait parlé, il réclamait la confiance, la grande, l'immense confiance en soi. Il disait : Apprenez à vous guérir, vous le pouvez; moi je n'ai jamais guéri personne. C'est en vous qu'est le moyen, appelez votre esprit, faites-le servir à votre bien physique et moral, et il viendra, il vous guérira, vous serez fort et heureux. Ayant parlé, Coué s'approcha de la paralytique : Vous avez entendu, croyez-vous que vous allez marcher ? - Oui. - Eh bien, levez-vous ! La femme se leva, elle marcha, fit le tour du jardin. Et le miracle s'accomplit.
 
Une jeune fille, atteinte du mal de Pott, dont la colonne vertébrale se redressait après trois visites, me dit son bonheur intense de se sentir renaître, alors qu'elle se croyait perdue.
 
[[111]]
 
Trois femmes, guéries de lésions pulmonaires, exprimaient leur enchantement d'être rendues au travail, à la vie normale. Coué, au milieu de ces gens qu'il aime, m'apparut comme un être à part, car cet homme ignore l'argent, tout son travail est gratuit et son désintéressement extraordinaire ne lui permet pas de jamais recevoir un centime. Je vous dois quelque chose, lui dis-je, je vous dois même tout… - Non, seulement le plaisir de continuer à vous bien porter…
 
Une irrésistible sympathie entraîne vers ce philanthrope bon enfant; bras dessus, bras dessous nous fîmes le tour du potager qu'il cultive lui-même, se levant tôt. Presque végétarien, il considère avec satisfaction les résultats de son travail. Et puis, la grave conversation reprend : Vous possédez une puissance illimitée : l'esprit. Il agit sur la matière, si l'on sait le domestiquer. L'imagination est comparable à un cheval sans rênes; s'il traîne une voiture où vous vous trouvez, il peut faire toutes les sottises et vous tuer. Mais attelez-le convenablement, conduisez-le d'une main sûre, il va où vous voulez. Ainsi font l'esprit, l'imagination. Il faut les conduire pour notre bien. L'autosuggestion, formulée par les lèvres, est un ordre que le subconscient reçoit, il l'exécute à notre insu, et surtout la nuit : l'autosuggestion du soir est la plus importante, elle donne de merveilleux résultats.
 
À cela, lorsque vous ressentez une douleur physique, ajoutez la formule : Ça passe, répétée très vite, dans une sorte de bourdonnement, en posant la main sur la partie souffrante, sur le front, s'il s'agit d'une peine morale.
 
Car la méthode agit très efficacement sur le moral. Après avoir réclamé le secours de l'âme pour le corps, on peut le demander encore pour toutes les circonstances et difficultés de la vie.
 
[[112]]
 
Là aussi, j'ai expérimenté que les événements se modifient singulièrement par ce procédé.
 
Vous le connaissez aujourd'hui.
 
Vous le connaîtrez mieux en lisant le livre de M. Baudoin, puis sa brochure : La Force en Nous, et, enfin, le petit traité succinct écrit par M. Coué lui-même : La Maîtrise de soi-même.
 
Si j'ai pu vous inspirer le désir de faire vous-mêmes le pèlerinage de Nancy, comme moi, vous aimerez l'homme unique, peut-être, par sa très noble charité, par son amour de ses frères, tel que le Christ l'a enseigné.
 
Et, comme moi, physiquement, moralement, vous serez guéris. La vie vous paraîtra meilleure, plus belle. Cela, n'est-ce pas, vaut bien la peine d'essayer !
 
M. BURNAT-PROVINS.
 
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[[113]
 
L'Éducation telle qu'elle devrait être
 
Chose qui peut sembler paradoxale au premier abord, l'éducation de l'enfant doit commencer avant sa naissance. En effet, si une femme qui a conçu depuis quelques semaines se fait dans l'esprit l'image du sexe de l'enfant qu'elle mettra au monde, des qualités physiques et morales qu'elle désire lui voir posséder, et qu'elle continue, pendant le temps de la gestation, à se faire la même image, l'enfant aura vraisemblablement le sexe et les qualités imaginés.
 
Les femmes spartiates n'engendraient que des enfants robustes, qui devenaient plus tard des guerriers redoutables, parce que leur plus grand désir était de donner de tels hommes à la patrie : tandis qu'à Athènes les femmes avaient des enfants intellectuels chez lesquels les qualités de l'esprit l'emportaient de cent coudées sur les qualités physiques.
 
L'enfant ainsi procréé sera donc apte à accepter facilement les bonnes suggestions qui lui seront faites et à les transformer en autosuggestions qui détermineront plus tard la conduite de sa vie. Car il faut savoir que toutes nos paroles, tous nos actes ne sont que le résultat d'autosuggestions causées la plupart du temps par la suggestion de l'exemple ou de la parole.
 
Que doivent donc faire les parents et les maîtres pour éviter de provoquer de mauvaises autosuggestions et en provoquer de bonnes chez les enfants ? Être toujours avec eux d'une humeur égale, leur parler d'un ton doux, mais cependant ferme. On les amène ainsi à obéir sans même qu'ils aient la tentation de résister.
 
[[114]]
 
Surtout, surtout qu'on évite de les brutaliser, car on risque de déterminer chez eux l'autosuggestion de crainte, accompagnée de haine.
 
Éviter aussi avec soin de dire devant eux du mal de personnes quelconques, comme cela se fait souvent dans les salons où, sans en avoir l'air, on déchire à belles dents une bonne amie absente. Fatalement ils suivraient cet exemple funeste et pourraient quelquefois déterminer plus tard de véritables catastrophes.
 
Éveiller en eux le désir de connaître les choses de la nature et chercher à les intéresser en leur donnant très clairement toutes les explications possibles en employant un ton enjoué et de bonne humeur. Par conséquent, répondre à leurs questions avec complaisance, au lieu de les repousser en en leur disant : Tu m'ennuies, laisse-moi tranquille, on t'expliquera cela plus tard.
 
Sous aucun prétexte, ne jamais dire à un enfant : Tu n'es qu'un paresseux, un propre à rien, etc. , parce que cela crée chez lui les défauts qu'on lui reproche.
 
Si un enfant est paresseux et ne fait jamais que de mauvais devoirs, on devra lui dire un jour, alors même que cela n'est pas vrai : Ah! aujourd'hui tu as mieux fait que d'habitude, c'est bien, mon petit. L'enfant, flatté de cet éloge auquel il n'est pas habitué, travaillera certainement mieux la fois suivante et peu à peu, grâce à des encouragements donnés avec discernement, il arrivera à devenir réellement travailleur.
 
Éviter à tout prix de parler de maladies devant les enfants, ce qui pourrait en déterminer. Leur apprendre au contraire que la santé est l'état normal de l'homme et que la maladie est une anomalie, une espèce de déchéance que l'on évitera en vivant d'une façon sobre et réglée.
 
Ne pas créer de défauts chez eux, en leur apprenant à [[115]] craindre ceci ou cela, le froid, le chaud, la pluie, le vent, etc., l'homme étant fait pour supporter tout cela impunément, sans en souffrir et sans se plaindre.
 
Ne pas rendre l'enfant craintif en lui parlant de Croquemitaine (sic) et de loups-garous, car la peur contractée dans l'enfance risque de persister plus tard.
 
Donc ceux qui n'élèvent pas eux-mêmes leur enfants doivent bien choisir les personnes auxquelles ils les confient. Il ne suffit pas que celles-ci aiment les enfants, il faut encore qu'elles aient les qualités que l'on désire que les enfants possèdent.
 
Éveiller en eux l'amour du travail et de l'étude, en les leur rendant faciles, en leur expliquant, comme je l'ai dit plus haut, les choses clairement et aussi d'une façon plaisante, en introduisant dans les explications quelque anecdote amusante qui fait désirer à l'enfant les leçons suivantes.
 
Leur inculquer surtout que le travail est indispensable à l'homme, que celui qui ne travaille pas d'une façon quelconque est un inutile, que tout travail procure à celui qui l'accomplit une satisfaction saine et profonde, tandis que l'oisiveté, tant rêvée par les uns, crée l'ennui, la neurasthénie, le dégoût de la vie, et conduit à la débauche et même au crime celui qui ne possède pas les moyens de satisfaire les passions qu'il s'est créées par l'oisiveté.
 
Enseigner aux enfants à être toujours polis et aimables vis-à-vis de tous et plus particulièrement envers ceux que le hasard de la naissance a placés dans une classe inférieure à la leur, à respecter la vieillesse et à ne pas se moquer des défauts physiques ou moraux qui sont souvent la conséquences de l'âge.
 
Leur apprendre que l'on doit aimer tout le monde, sans distinction de position sociale, qu'on doit être toujours [[116]] (être) prêt à secourir celui qui est dans le besoin et à ne pas craindre de dépenser son temps et son argent pour lui; que l'on doit en un mot songer plus aux autres qu'à soi-même; enfin qu'en agissant ainsi on éprouve, sans la chercher, une satisfaction intime que l'égoïste cherche toujours sans jamais la trouver.
 
Développer chez eux la confiance en eux-mêmes, leur apprendre qu'avant de faire une chose, on doit la soumettre au contrôle de la raison, en évitant d'agir d'une façon impulsive, et que, après l'avoir raisonnée, on doit prendre une décision sur laquelle on ne revient plus, à moins que l'on n'ait la preuve qu'on s'est trompé.
 
Leur apprendre surtout que chacun doit partir dans la vie avec l'idée bien précise, bien arrêtée, qu'il arrivera et que, sous l'influence de cette idée, il arrivera fatalement, non pas qu'il doive tranquillement attendre les événements, mais parce que, poussé par cette idée, il fera ce qu'il faut pour cela; il saura profiter des occasions ou même de l'unique occasion qui passera près lui, cette occasion n'eut-elle qu'un seul cheveu; tandis que celui qui doute de lui-même, c'est le Constant Guignard, à qui rien ne réussit, parce qu'il fait tout ce qu'il faut pour ne pas réussir. Celui-ci pourra nager dans un océan d'occasions pourvues de chevelures absaloniennes, il ne trouvera pas le moyen d'en saisir une seule, et il déterminera souvent les événements qui le feront échouer, alors que celui qui a en lui-même l'idée du succès fera naître quelquefois d'une façon inconsciente ceux qui détermineront le succès.
 
Mais surtout que les parents et les maîtres prêchent d'exemple. L'enfant est extrêmement suggestible. Tout ce qu'il voit faire, il le fait : donc les parents sont tenus de ne donner que de bons exemples aux enfants.
 
Dès que les enfants peuvent parler, leur faire répéter [[117]] matin et soir, vingt fois de suite, la phrase : Tous les jours, à tous points de vue, je vais de mieux en mieux, qui déterminera chez eux une excellente santé physique et morale.
 
On aidera puissamment à faire disparaître les défauts de l'enfant et déterminer chez lui l'apparition des qualités opposées, en lui faisant de la suggestion comme il suit :
 
Toutes les nuits, lorsque l'enfant est endormi, s'approcher doucement de son lit de façon à ne pas l'éveiller, s'arrêter à environ un mètre de lui et lui répéter quinze à vingt fois de suite, à voix très basse (en murmurant) la ou les choses que l'on désire obtenir de lui.
 
Enfin il serait à souhaiter que chaque matin les maîtres fissent de la suggestion à leurs élèves de la façon suivante. Après leur avoir fait fermer les yeux, ils leur diraient : Mes amis, j'entends que vous soyez toujours des enfants polis, aimables envers tout le monde et obéissants vis-à-vis de vos parents et de vos maîtres, et quand ceux-ci vous donneront un ordre ou vous feront une observation, vous tiendrez toujours compte de l'ordre donné ou de l'observation faite, sans que cela vous ennuie. Vous pensiez autrefois que quand on vous faisait une observation, c'était pour vous ennuyer : maintenant vous comprenez très bien que c'est dans votre intérêt seul qu'on vous l'adresse; par conséquent, loin d'en vouloir à la personne qui vous la fait, vous lui en êtes au contraire reconnaissants.
 
De plus, vous aimerez le travail, quel qu'il soit; mais, comme actuellement celui-ci consiste pour vous dans l'étude, vous aimerez toutes les choses que vous devez étudier, même et surtout celles que vous n'aimiez pas autrefois. Donc, lorsque vous serez en classe, et que le professeur fera une leçon, vous porterez exclusivement votre attention sur ce qu'il dira, sans vous occuper [[118]] des sottises que pourront faire ou dire vos camarades et surtout sans en faire ou en dire vous-mêmes.
 
Dans ces conditions, comme vous êtes intelligents, car vous êtes intelligents, mes amis, vous comprendrez facilement, vous retiendrez de même : les choses que vous aurez apprises s'emmagasineront dans un casier de votre mémoire où elles resteront à votre disposition et d'où vous les tirerez au moment du besoin.
 
De même, lorsque vous travaillerez seuls, à l'étude ou à la maison, que vous ferez un devoir ou que vous étudierez une leçon, là encore vous porterez uniquement, exclusivement votre attention sur le travail que vous faites, et vous aurez ainsi toujours de bonnes notes pour vos devoirs et vos leçons.
Tels sont les conseils qui, s'ils sont bien suivis, donneront des enfants pourvus des meilleures qualités physiques et morales.
 
Nota. - Tous les jours je reçois des lettres de personnes qui m'exposent longuement tous les symptômes dont elles souffrent et me demandent ce qu'elles doivent faire dans leur cas.
 
Ces lettres sont inutiles.
 
Ma méthode étant générale et, par conséquent, s'adressant à tout, je n'ai pas de conseils particuliers à donner quels que soient les cas.
 
La seule chose à faire est, tout en continuant soigneusement le traitement institué par le docteur, de suivre très exactement les instructions données à la page 22 de La Maîtrise . Si on les suit bien, on obtiendra tout ce qu'il est humainement possible d'obtenir.
 
Je dois ajouter que souvent j'ignore où s'arrêtent les limites de la possibilité.
 
Pour les enfants, il sera bon de leur faire de la suggestion pendant leur sommeil, comme il est dit à la page 36 de la brochure